La biodiversité, produit de luxe
Combien vaut la biodiversité ? C’est la question vertigineuse soulevée par le rapport de Bernard Chevassus-au-Louis remis fin avril au ministère de l’écologie. L’ancien directeur de l’Inra avait été missionné par le gouvernement pour plancher sur le sujet à l’issue du Grenelle de l'environnement. Dans son discours de clôture, Nicolas Sarkozy s’était engagé à intégrer le coût de la biodiversité dans toutes les décisions publiques futures. L’interrogation n’est pas que philosophique. A l’instar du carbone, la diversité écologique a une valeur économique et elle sera croissante, à en croire les spécialistes. La secrétaire d’état à l’écologie Chantal Jouanno a illustré ce propos la semaine dernière en rendant visite à un écosystème situé dans le pays de Crau, que la Caisse des dépôts et consignations vient d’acquérir : 357 hectares d’anciens vergers, sur lesquels la CDC s’est engagée à restaurer pendant 30 ans un écosystème écologique et pastoral de steppe rase unique « par pâturage ovin ». Une initiative permettant aux maîtres d’ouvrage de constituer des actifs naturels compensant leurs impacts sur la biodiversité. La nature d’un tel investissement à de quoi faire réfléchir les agriculteurs qui aménagent ces espaces et les industriels qui les occupent. Quelle valeur – ou quelle pénalisation – doivent attendre les uns et les autres de leur action sur la biodiversité ? L’éventuel bénéfice peut-t-il être un jour supérieur au prix de revient des producteurs agricoles ? Quelles conséquences cela aurait-il sur le principe même de l’activité agricole ? Autant de questions vertigineuses, on l’a dit, mais aussi très terre-à-terre.