La banane antillaise fait son grand retour
C'est le grand retour de la banane des Antilles en Europe ! Le « Fort Saint-Pierre » de la CGA-CGM est arrivé à Dunkerque dimanche soir. Le bateau a mouillé dans le bassin de l'Atlantique du port Ouest de Dunkerque. A son bord, un peu moins de 4500 tonnes de bananes : 444 tonnes en provenance du Surinam, 510 tonnes de Guadeloupe, et 3504 tonnes de la Martinique. Le déchargement dans les locaux de la société Dunfresh n'aura pris que 48 heures. Le 8 avril, le navire reprenait la destination du Havre et de Montoir avant de regagner les îles. 5 à 6000 tonnes de bananes seront ainsi déchargées chaque semaine à Dunkerque jusqu'en juillet prochain.
Huit mois qu’on les attendait avec impatience après le passage du cyclone Dean survenu le 17 août 2007 et qui détruisit la totalité des plantations martiniquaises et la moitié de celles de Guadeloupe. Dunkerque devrait ainsi pouvoir retrouver un courant commercial de 150 000 tonnes de bananes en 2008. Mais tout ne rentrera seulement dans l’ordre qu’en 2010 : un petit rayon de soleil dans une conjoncture plutôt difficile pour le port du Nord !
« Nous sommes sur une niche, mais nous voulons tenir toute notre place », a insisté Éric de Lucy, le président de l’Union des Groupements de producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique (UGPBAN). L’Union voulait donc marquer officiellement ce retour à Dunkerque, port d’entrée de la banane de Martinique et de Guadeloupe pour l’Europe depuis dix ans. Un moment fort organisé ce 8 avril en présence de l’ensemble des représentants de la filière : planteurs, dockers de Fort de France et de Pointe-à-Pitre, représentants de l’UGPBAN, représentants des grossistes, GMS et des mûrisseries françaises ainsi que des responsables administratifs et politiques.
Le moins de pesticides dans le monde
« C’est une nouvelle banane qui débarque aujourd’hui à Dunkerque », n’ont cessé de répéter les orateurs de la journée. « C’est celle qui utilise le moins de pesticides dans le monde », expliquait Jo Dairin, vice-président du port autonome de Dunkerque. « Ce sera l’une des bananes les plus équitables du monde », ajoutait Michel Delebarre, maire de Dunkerque et président du Comité des Régions de l’Europe en soulignant « ce véritable exploit pour rebondir et démontrer tous le savoir-faire de la filière ». Décidément, cette banane des Antilles possède toutes les qualités !
Le cyclone Dean aura permis en effet aux producteurs locaux de progresser dans leurs pratiques culturales pour mettre en marché « une banane respectueuse de l’environnement et dont la production respecte les lois sociales de notre pays », précisait Éric de Lucy qui tient à mettre en lumière l’exemplarité de son modèle de production. ça ne pouvait mieux tomber au moment même où le débat sur la présence de résidus de chlordécone a ressurgi quelques semaines avant le Grenelle de l’Environnement !
Cette reconstruction se fera pourtant sur plusieurs années. Les planteurs ont d’ores et déjà choisi de ne redresser que 50 % des surfaces. L’autre moitié sera mise en jachère pendant 12 à 18 mois, permettant ainsi l’assainissement des terres. Par la suite, elles seront plantées avec des plants obtenus en culture in vitro (Vitro-plants). Le CIRAD et une société israélienne produisent aux Antilles ces plants indemnes de virus et de maladies… diminuant d’autant les quantités de pesticides utilisées. Dean va permettre ainsi à tous les planteurs de s’inscrire dans une production de bananes respectueuses de l’environnement, véritable marque de différenciation commerciale dans cet univers concurrentiel impitoyable qu’est la banane.
Pour en arriver là, Martinique et Guadeloupe ont bénéficié d’une enveloppe de 160 millions d’euros sur deux ans, provenant à la fois de France et d’Europe. « Le dispositif de soutien financier mis en place par Bruxelles depuis le 1 er janvier 2007 s’est avéré excellent » , a estimé Éric de Lucy. Yves Auffray, représentant de Michel Barnier rappelant que l’État Français avait dégagé de son côté 24 millions d’euros pour la banane des Antilles au titre de la solidarité nationale. Un geste fort, quand on sait que la banane fait vivre directement 7 000 personnes et 20 000 de façon indirecte sur les îles.
