Jean Lévesques tente la chèvre en barquette
«Il n’y a pas de marché de la chèvre en grande distribution. Nous allons le créer », affirme Édouard Lévesques, président du directoire de l’entreprise familiale Jean Lévesques. Tout juste installé dans un nouvel atelier, l’abatteur découpeur charentais veut lancer une production d’UVCI. La chèvre va servir d’amorce et propulser le bœuf. Sur 4 000 tonnes commercialisées chaque année, 80 % sont constituées par la viande bovine, le reste concernant les ovins et les veaux. « Au démarrage, l’activité barquette devrait tourner entre 50 et 100 chèvres par semaine. Le top départ va intervenir au milieu de l’année », précise-t-il.
Prix attractif
Anciennement situé à l’abattoir municipal de Ruffec, et transféré à 50 mètres de là, Lévesques Jean & Cie est au cœur d’un important bassin de production de chèvre. « Les éleveurs sont venus visiter nos locaux. Ils sont intéressés par de nouveaux débouchés pour leurs bêtes de réforme », raconte le président. La viande caprine est surtout appréciée par les populations d’origine maghrébine, créole ou noire africaine. On la trouve en boucherie artisanale, dans des restaurants indiens ou antillais. Pour le lancement en grandes surfaces, la Fédération régionale des syndicats caprins de Charentes Poitou Vendée a donné quelques idées culinaires et photos à l’industriel. Ce dernier a mis au point des étiquettes à détacher de la barquette, avec au dos des fiches recettes. « La chèvre est une viande maigre et peu chère. Son prix est inférieur de 30 % à celui du mouton », souligne Édouard Lévesques.
Quelque 800 chèvres par semaine sont traitées à l’abattoir de Ruffec. Il s’agit d’animaux jeunes, de trois à quatre ans, pesant 20 à 25 kg de carcasse. Principal client de l’outil municipal, avec environ la moitié des volumes d’abattage (6 000 tonnes multi-espèces), la société Jean Lévesques se tourne naturellement vers l’activité caprine. Une partie de son atelier est réservée aux UVCI. L’abatteur découpeur est installé dans l’ancienne usine de Charente Porc, liquidée en octobre 2006. 1,5 million d’euros ont été injectés pour la reconvertir. « Avec ce nouvel atelier, nous avons gagné en productivité et en réactivité, déclare-t-il. La stratégie n’est pas de développer l’UVCI à tous crins. Étant directement en contact avec le consommateur, les grandes surfaces sont plus à même de gérer l’équilibre matière. » Lévesques Jean & Cie prévoit de dépasser cette année 20 millions d’euros de chiffre d’affaires pour l’activité viande, gérée par le fils Édouard. A cela s’ajoutent 10 millions d’euros dans le commerce de bétail vif, ayant à sa tête le père Jean.