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Jean Caby prépare son déménagement à Comines

Après avoir connu dix années particulièrement mouvementées, le charcutier nordiste qui vient de céder ses sites finistériens évoque ses plans de développement : nouvelle usine, croissance, innovations autour de la saucisse cocktail. Reportage.

D'ici trois ans, Jean Caby devrait déménager son usine historique de Saint-André-lez-Lille à Comines (59). Implantée sur 35 000 m2 depuis 1929 au cœur de la ville de Saint-André, l'usine devrait migrer sur un terrain de 50 000 m2 situé au nord-ouest de la métropole lilloise, près de la frontière franco-belge. Cette éventualité avait été évoquée courant 2012 sans qu'Éric Steiner ne confirme véritablement un tel transfert. Représentant du fonds Foxlease Food, le nouveau propriétaire franco-américain avait conditionné un tel déménagement à la vente de deux sites bretons que comptait encore le groupe Jean Caby, et qu'il avait acquis en mars 2012.

Depuis le 19 janvier 2015, c'est chose faite puisque les sites finistériens de Lampaul-Guimiliau et d'Ergué-Gabéric ont été cédés à Financière Turenne Lafayette. L'usine nordiste de Saint-André se concentre désormais sur la gamme de saucisses à pâte fine, principalement knacks et saucisses cocktail, depuis le transfert des jambons et saucissons secs sur les autres sites du groupe. « Désormais, seul l'établissement de Saint-André peut utiliser la marque Jean Caby », précise Péroline Uzel en charge du marketing chez le charcutier.

La « Ch'tite knack »

Jean Caby, ne disposant plus que de ce seul site industriel qui s'appuie principalement sur une seule technologie (pâtes fines), parie sur l'innovation produit et veut améliorer son ancrage régional. « Avant de parler exportation, nous avons à nous faire mieux connaître dans le reste de la France », témoigne-t-elle. C'est ainsi que le charcutier a décidé de réattaquer les linéaires de la GMS dès 2015.

Il vient de lancer sa « Ch'tite knack », une nouvelle saucisse au logo Saveurs en'Or fabriquée à base de viande de porcs issus du Nord-Picardie, une variante des knacks fabriquées à la marque. « Notre objectif est d'en produire 50 tonnes par an la première année. Nous avons été d'abord référencés chez Cora, Auchan et Match. Le produit arrive chez E.Leclerc et Carrefour, et nous nous sommes associés pour ce produit au tract commercial Sa-veurs en'Or commun à toutes les enseignes en juin prochain », précise Péroline Uzel.

En parallèle, il vient de lancer une gamme de trois références de petites saucisses (chipolata, saucisse aux herbes et merguez) conditionnées en bol operculé de 150 grammes. « Nous nous spécialisons de plus en plus sur les knacks et sur les saucisses cocktail », insiste la nouvelle responsable marketing. Jean Caby a été le premier à lancer en France la saucisse cocktail dès 1986 grâce à Pierre Briet(1) . Sur ce segment-là, il possède une part de marché de 34 % qu'il voudrait encore voir grossir. « Nous souhaitons doubler notre chiffre d'affaires dans les trois ans qui viennent, et surtout faire en sorte que les produits innovants concourent à la moitié de notre chiffre d'affaires », annonce de son côté Laurent Lampin, directeur qualité depuis huit ans. Chahuté – voire écartelé – depuis dix ans entre de multiples propriétaires et directeurs de site, Jean Caby semble avoir retrouvé son plan de vol pour les prochaines années. Il doit notamment préparer le déménagement de son site historique. C'est ce que confiait Laurent Lampin à l'occasion de la visite de presse.

Une phase de 18 mois de construction

« Nous sommes dans la première phase du dossier ICPE (inspection des installations classées, ndlr) qui doit élaborer le plan de masse de la nouvelle installation. Cette première étape est achevée, et nous devons maintenant travailler à la conception intérieure de l'ensemble des lignes de fabrication. Une fois le dossier ICPE terminé, nous pourrons déposer notre permis de construire à Comines sur les terrains sur lesquels nous avons toujours une priorité d'installation. Une fois le permis accordé, la construction de l'usine peut aller très vite. On peut prévoir une phase de 18 mois de construction », précise Laurent Lampin.

Ce qui signifie que la nouvelle usine Jean Caby de Comines ne serait vraisemblablement pas opérationnelle avant 2019.

En outre, « il y aura une phase transitoire où il faudra produire sur les deux sites avec pour certains postes de nouveaux maté-riels », complète le directeur qualité. Le propriétaire Éric Steiner pourrait investir 25 millions d'euros dans ce nouveau projet qui a obtenu l'appui des différentes collectivités territoriales et du conseil régional.

UN CHARCUTIER AU PARCOURS MOUVEMENTÉ

En 1988, huit cadres de l'ex-groupe Olida-Caby – dont Pierre Briet et Hugues Motte – reprennent la société Caby, et la renomment Jean Caby. Société bretonne de salaisons, Smithfield France, l'Espagnol Campofrio Food Group (passé sous pavillon sino-mexicain depuis) et enfin Éric Steiner, les propriétaires de la marque furent nombreux ces dix dernières années. Depuis 2012, le représentant du fonds Foxlease Food possède la majorité du capital de l'entreprise (51 %), associé avec le désormais Sino-Mexicain Campofrio (49 %). Mais ces changements capitalistiques intervenus depuis dix ans ont provoqué l'inquiétude des salariés. La nouvelle stratégie présentée aujourd'hui et le déménagement à Comines devraient les rassurer.

(1) Pierre Briet fut l'un des sept cadres de l'entreprise familiale qui racheta l'entreprise de en 1988. Pendant 10 ans, l'ancien PDG modernisa le site en engageant une véritable révolution marketing avant que l'outil ne soit racheté en 2004 par Smithfield France.

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