« Je ne crois pas en l'OGM miracle »

Bernard Chevassus-au-Louis, inspecteur général de l'agriculture et membre de l'académie des technologies.
Les Marchés Hebdo : Des projets de lois sont à l'étude aux États-Unis sur l'étiquetage des OGM. On a souvent entendu que les Américains étaient plus ouverts aux OGM ? Serait-ce en train de changer ?
Bernard Chevassus-au-Louis : Le besoin d'information des Américains a déjà été exprimé auparavant. Je ne suis pas tellement étonné que la demande se manifeste clairement. Si les Européens se sont crispés autour des OGM c'est aussi parce que le besoin d'information exprimé n'obtenait pas de réponse. Les Américains ont un plus haut niveau de confiance dans leur expertise publique, et n'ont pas eu de crises sanitaires à répétition. Cela fait cinquante ans qu'ils produisent plus qu'ils ne consomment. En France, le virage a été plus tardif et très rapide. L'autre élément du divorce transatlantique concerne les firmes semencières. Monsanto, par exemple, est historiquement étranger au monde agricole. En France, on parle du « géant Monsanto » mais aux USA, c'est une petite entreprise.
LMH : La méfiance n'est-elle pas due au fait que l'essentiel des OGM sont des plantes résistantes aux pesticides ou aux insecticides ?
B. C. : Je ne crois pas en l'OGM miracle qui sera accepté par l'opinion. J'ai l'exemple en tête, d'un gène de résistance au mildiou issu d'une pomme de terre sauvage transféré à une pomme de terre de culture. Le niveau d'opposition était tout aussi fort.