Investissement historique au port de Dunkerque
Dunkerque grand port maritime (DGPM) vient de programmer 368 millions d’euros d’investissements pour la période 2009-2013, dont 62 millions à la charge de l’État. « Il faut remonter à 1970 pour voir un tel soutien des pouvoirs publics au développement du port de Dunkerque », a rappelé Martine Bonny, présidente du directoire de DGPM, le 22 avril dernier, soulignant ainsi « le fort accompagnement de l’actionnaire institutionnel ». La participation de l’État englobe ainsi l’enveloppe décidée à l’issue du plan de relance des ports et celle décidée dans le cadre du plan de relance général annoncé par le président de la République à Douai (59). Le reste de l’enveloppe concerne son soutien à la construction du terminal méthanier ainsi qu’à l’amélioration de la desserte ferroviaire.
Ce nouveau programme d’investissements devrait permettre de passer d’un trafic de 57,7 à 70 millions de tonnes (Mt) de 2008 à 2013 (+21,3 %). C’est le cœur du projet stratégique du port adopté le 3 avril dernier par le conseil de surveillance, qui prévoit également une nouvelle organisation de la manutention portuaire, dans la droite ligne des dispositions fixées par la loi du 4 juillet 2008. « Ce projet stratégique sera l’outil fédérateur autour duquel l’ensemble des acteurs, qui posséderont ainsi une feuille de route commune, se retrouveront », a expliqué Martine Bonny.
Les dirigeants dunkerquois ne peuvent pas ignorer « la parenthèse économique actuelle ». « Le trafic portuaire a baissé de 22 % sur le premier trimestre », reconnaissent-ils en soulignant l’impact négatif de la baisse du trafic de pondéreux et de minerais à destination de la sidérurgie, qui pourrait mettre un terme à sept années de hausse consécutive des trafics à Dunkerque. Selon eux, ils pourraient ainsi passer de 57,7 à 48 Mt entre 2008 et 2009 ! De quoi différer également une partie des investissements programmés !
Priorité au développement des conteneurs
Ces investissements, qui figurent dans le projet stratégique du port, font la part belle au développement de l’énergie, des trafics de minerais ainsi qu’au développement du trafic de conteneurs. L’énergie, parce que Dunkerque attend avec impatience la mise en service du terminal méthanier à l’horizon 2014. Le port nordiste devrait également multiplier les efforts pour accueillir les plus gros minéraliers du monde. Pour ce faire, il envisage le creusement d’un nouveau quai (le quai de la Baltique) qui permettrait en outre le développement d’un nouveau quai à conteneurs ainsi que l’aménagement de nouveaux espaces destinés à d’éventuelles implantations industrielles.
Au quai de la Baltique, dont la mise en service est envisagée pour 2020, les dirigeants du port prévoient donc la création d’un nouveau « hub » (plateforme) d’éclatement des minerais à destination de l’usine Arcelor Mittal de Dunkerque, mais aussi des usines du groupe implantées à Gand ou à Brême.
Quant aux conteneurs, Martine Bonny estime que Dunkerque ne se développe pas assez vite sur ce créneau, notamment par rapport au port de Zeebrugge. « Dunkerque a mis sept ans pour être opérationnel ; c’est beaucoup trop long ! », a-t-elle regretté, en espérant fortement que les choses évoluent beaucoup plus vite d’ici à 2013. « Techniquement et nautiquement, Dunkerque possède une offre crédible en matière de trafics de conteneurs », a souligné de son côté François Soulet de Brugière, vice-président du conseil de surveillance.
Pour s’imposer comme « une plateforme maritime et industrielle attractive sur le range Nord-Europe », Dunkerque s’est donc fixé quatre objectifs principaux : atteindre un trafic global annuel de 70,5 Mt (voir 65 Mt si les prévisions devaient être révisées à la baisse au vu de la crise économique), passer de 215 000 à un million d’EVP (équivalent vingt pieds) en matière de conteneurs, de 600 000 à un million de remorques pour le trafic transmanche et tripler les 100 000 mètres carrés actuels d’entrepôts logistiques de la zone portuaire. Concernant ce dernier point, Dunkerque dispose d’un atout non négligeable sur certains de ses concurrents de la zone nord-européenne : celui de disposer d’un foncier encore disponible. « Mais un tel développement ne peut se concevoir qu’avec une conquête offensive de l’hinterland », a insisté Martine Bonny.