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Interfel : « on est en position de repartir »

Bernard Piton, président de la Fédération des commerces de gros en fruits et légumes (UNCGFL), a bien voulu répondre à nos questions sur la crise que traverse l’interprofession des fruits et légumes frais. D’un naturel volontariste, le représentant des grossistes veut croire à une prochaine sortie de crise de l’institution.

LM : Après des promesses de retour des représentants de l’aval à Interfel pour septembre, l’interprofession est encore agitée par la démission de son président Denis Onfroy. Quelle est selon vous la cause de cette crise qui dure maintenant depuis plus d’un an ?

B. Piton : S’il y avait une cause simple, la crise aurait été réglée depuis longtemps. Il y a donc plusieurs raisons. La première, c’est l’énorme problème de compétitivité que connaît l’amont de la filière française. Ce déficit est lié à des critères objectifs (coûts de main d’œuvre et de structure) et à des questions d’organisation (la connaissance des poids de mise en marché, des calendriers et des prises de position concurrentielle d’un bassin à l’autre). La dureté de la crise révèle, 7 ans après la modification de l’OCM, une maîtrise insuffisante dans bien des cas de la première mise en marché. Il y a là un vrai défi pour l’amont qui n’est pas de la compétence d’Interfel. Mais tant que la difficulté n’est pas surmontée à la production, en période tendue, certains sont tentés de refiler le bébé à l’interprofession. Et avec l’aval elle se trouve être prise en otage. Seulement je ne suis pas convaincu que la structure soit équipée pour organiser la première mise en marché, elle n’a pas et ne saurait en avoir les instruments. L’interprofession pourrait seulement aider à repérer des lieux où la stratégie peut se mettre en place et les inciter à le faire.

Au-delà bien sûr il y a des jeux d’institutions entre syndicalistes, organisations économiques et bassins... Mais après tout nous sommes en pays gaulois. Il y a peut-être aussi un problème de compétitivité à l’aval. Nos produits sont-ils aussi sexy et accessibles que ceux de nos compétiteurs (produits laitiers, snacks, fast food...) ? Mais là encore c’est une problématique de l’aval et des entreprises, ce n’est pas directement du ressort de l’interprofession même si elle peut y jouer un rôle d’animation. Les métiers d’Interfel, qui malgré la crise ont continué de s’exercer, sont incontestablement : la promotion de la consommation, la normalisation qualité et les accords interprofessionnels même si ceux sur les dates de commercialisation ont été un peu oubliés pendant la crise. Ces accords pourraient aussi être de formidables leviers de moyens de financements spécifiques et donc de compétitivité aux filières de première mise en marché. L’autre fonction d’Interfel serait d’être l’aiguillon d’initiatives individuelles en matière d’innovation, manière de créer les contacts entre les consommateurs et la filière.

LM : Selon vous donc, Interfel sortira de la crise en se recentrant sur ses métiers de base. Croyez-vous en une issue positive proche ?

B. Piton : Nous devons y croire, sinon on ne serait plus là. Les indicateurs passent aujourd’hui au vert. On est en position de repartir. Depuis la semaine dernière, on se parle plus régulièrement par téléphone. La volonté de dialogue est là. Le comité exécutif a pour mission de conduire la relance de l’interprofession. Dommage que cela se soit accompagné de frictions sur les individus. Mais nous sommes tous autour de la table. A l’amont, il me semble que des forces se dégagent pour un projet d’amélioration de la compétitivité de la filière. Mais peut-être que je ne suis pas un bon juge, je suis plutôt quelqu’un de volontariste.

LM : La loi d’orientation agricole votée à l’Assemblée nationale renforce le rôle des interprofessions, est-ce une bonne chose selon nous ?

B. Piton : La loi donne le cadre. Tout dépend après ce que l’on veut en faire. L’ancienne LOA donnait déjà aux interprofessions la possibilité de gérer le marché, ce n’est pas pour ça qu’Interfel s’est et doit s’arroger cette nouvelle mission. Si certains étaient tentés, parce qu’une nouvelle loi le permet, d’élargir les missions d’Interfel, je dis : « attention, on va la faire exploser ». Sur l’année écoulée, les pouvoirs publics et parfois des amis parlementaires ont voulu redonner à Interfel des dossiers propres à l’empoisonner.

Il faut que les composants de l’interprofession sachent raison garder et fassent ensemble ce et uniquement ce qu’ils peuvent faire ensemble.

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