Inquiétudes pour les vins de Bordeaux en 2009
A l’occasion de la 22 e édition du Prix de la presse Le Prix a été décerné aux auteurs de In vino satanas, Denis Saverot et Benoist Simmat. , jeudi, le syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur a fait le point sur l’année 2008, une année « catastrophique sur les volumes, avec une baisse de 20 à 30 % sur les appellations, qui annonce une année 2009 difficile », note Bernard Farges, le président du syndicat. Le contexte de crise pesant sur les consommateurs, le secteur a subi un très fort ralentissement de la commercialisation depuis septembre, après une belle progression depuis 4 ans. En effet, la dernière campagne affiche une baisse de la production sur les appellations Bordeaux et Bordeaux Supérieur de l’ordre de 20 % en rouge et de 30 % en blanc, soit un recul de 5 % par rapport à la campagne précédente. Une situation inquiétante pour la commercialisation 2009, perçue différemment chez les petits producteurs ou les grands crus. « L’heure est assez grave, il y a des petites propriétés qui ne s’en sortiront pas sur le marché du vrac, car moins on a d’hectares, plus la baisse de consommation se répercute sur les coûts de production, qui augmentent », explique Hervé Grandeau, le secrétaire général du syndicat et président de Quali-Bordeaux.
Alors que la crise menace les petits producteurs déjà en difficulté depuis cinq ans, les grands crus de bordeaux, qui ne représentent que 5 % de l’appellation, sont touchés par la crise financière. Pour Hervé Grandeau, « la récolte ne sera pas énorme et certains domaines vont casser le marché en bradant leur vin. Il nous reste donc à faire de la promotion, et être plus agressif à l’exportation », explique ce viticulteur du domaine de Château Lauduc, où les prix n’augmenteront que de 3 à 5 % cette année.
Car aujourd’hui les vins supérieurs du bordelais qui n’existent qu’en France doivent s’adapter à un consommateur moderne qui achète un vin selon le prix qu’il veut y mettre. « Aujourd’hui, notre notoriété ne suffit plus. La preuve en Angleterre. Historiquement, la France était le premier pays exportateur avec le bordeaux. Aujourd’hui, nous ne sommes que troisième, derrière les Etats-Unis et l’Australie », ajoute Hervé Grandeau. Le marché de la Grande Bretagne, qui représente environ 20 % de l’exportation, dont 13 % en rouge, est actuellement très atteint, avec 10 à 15 % de demandes de baisse des prix. « Nous avons quelques espoirs sur le Japon, grâce à la réévaluation du yen, car c’est depuis longtemps une bonne destination pour le bordeaux », souligne Bernard Farges.
Au total, la baisse du chiffre d'affaires des bordeaux et bordeaux supérieur serait d’environ 10 % en 2009. Seul l’écoulement des stocks, qui dépend de la régulation des prix, pourrait amortir la crise qui touchera cette année encore les vins de Bordeaux AOC.