Innovations santé : « pas la peine d’aller chercher la lune »
«Le secteur de la nutrition santé est une tendance majeure des pays développés. Mais la France reste un cas particulier. Vous aurez toujours plus de mal à lancer un produit santé en France », a prévenu Béatrice de Reynal, nutritionniste et p-dg de Nutrimarketing, lors d'une conférence « Nutrition santé : les leviers de l'innovation alimentaire », organisée à Paris par Stratégies. Aux industriels présents dans la salle, elle a conseillé de « développer des choses plutôt naturelles ». « Pour un produit aux propriétés antioxydantes, le cassis de Bourgogne parlera plus à un Français que les cranberries ou des complément à base d'açai (ndlr : baies brésiliennes) », illustre-t-elle. Et d'ajouter : « seulement la moitié des Français fait confiance aux allégations nutritionnelles. Alors ce n'est pas la peine d'aller chercher la lune. Et pensez que l'innovation doit physiquement ressembler à ce qu'elle est ». Pour améliorer le transit, la présence de bifidus dans du chocolat ou dans des saucisses (comme cela se fait déjà en Allemagne) ne devrait, par exemple, pas rencontrer un franc succès en France. « En revanche il reste beaucoup de produits à développer pour le repas du midi (à consommer sur le pouce) ou pour des encas intelligents », estime Béatrice de Reynal.
Cibler les hommes
Les industriels auraient aussi intérêt à mieux cibler leur offre. Vers les hommes par exemple (dans certains pays, on trouve déjà des barres de céréales interdites aux femmes ou des pains pour la prostate !). En France, les professionnels de la nutricosmétique commencent à s'y intéresser. Après Oenobiol, Innéov Cosmetics (issu de la joint-venture de Nestlé et L'Oréal) devrait développer son offre sur ce segment. Pour les femmes, plus souvent visée par les innovations nutrition/santé, les industriels ont la possibilité de cibler des moments du cycle de vie comme la grossesse ou la ménopause (avec des produits comme Taillefine Calci+, yaourt enrichi en calcium et en vitamine D lancé par Danone au printemps). Mais attention à ne pas tomber dans le piège du 100 % santé : « un aliment ne peut pas être un médicament », réaffirme la nutritionniste.