Innovation et communication : les clés de la croissance de Laïta
Né en 2009 de la fusion des actifs laitiers des coopératives Even, Terrena et Coopagri Bretagne, le groupe Laïta annonce une hausse de 12 % de ses ventes et prévoit d’investir 100 millions d’euros.
Dans l’Ouest, Laïta a clairement le vent en poupe. En 2011, pour sa seconde année de plein exercice, l’industriel laitier a vu ses ventes gagner 12 % à 1,159 milliard d’euros, alors que sa collecte ne croissait que de 6,4 % à 1,350 milliard de litres. Le groupe a clairement capté de la valeur – même s’il ne dévoile rien de son résultat opérationnel. Et décidé d’investir massivement dans ses six usines pour pérenniser sa robuste progression et élargir le périmètre de son industrie où travaillent l’essentiel des 2 230 salariés du groupe. « Nous avons déjà investi 29 millions d’euros l’année dernière, nous allons accélérer notre rythme en portant à 100 millions d’euros nos investissements sur la période 2012-2013 », commente Christian Couilleau, directeur général. L’enveloppe va être répartie dans les sites de fabrication de produits de grande consommation (52 %), d’ingrédients secs (12 %), de nutrition spécifique (21 %) pour l’essentiel. Elle sera consacrée « à la segmentation des beurres avec un important travail sur les qualités organoleptiques des produits à marque Paysan Breton, au développement des ingrédients secs à cahiers des charges spécifiques en nutrition humaine, aux capacités de transformation, à la différenciation fromagère (fromages à pâte pressée cuite, molle et fromages frais) et à une nouvelle ligne de conditionnement » pour que Even Santé Industrie augmente « sa capacité de production » et élargisse « son offre en termes de packaging », précise Laïta.
Développement de la recherche
Ce vaste plan d’investissements s’inscrit dans une séquence très favorable pour Laïta. Sur un marché des produits laitiers en forte croissance au plan mondial, le groupe coopératif vient de terminer un exercice de très bonne facture malgré la crise économique. Son activité de produits de grande consommation (56,5 % du chiffre d’affaires en ultrafrais, beurres, fromages…) a progressé de 11 %, tirée autant par les marques de distributeur (autour de 60 % de ses ventes) que par ses marques propres. « Grâce à l’innovation et la communication, nos ventes de beurre Paysan Breton ont augmenté de 7 % alors que le marché reculait de 3 % », commente Dominique Chargé, président de Laïta. Même succès commercial pour les fromages fouettés vendus sous la marque des Recettes de Madame Loïk qui gagnent 38 % sur un marché en progression de 7 %. Et ce malgré l’entrée sur le marché de l’opérateur américain Philadelphia, souligne Laïta. Au global, les ventes de fromages (pâtes pressées cuites, pâtes molles…) progressent de 11 % en un an, en France comme à l’étranger. S’agissant des ingrédients secs vendus en B to B (17,5 % du chiffre d’affaires), Laïta a augmenté la valeur de ses ventes par transfert de 9,5 % de volumes auparavant destinés à des poudres animales vers des fabrications à plus forte valeur ajoutée. Le service de recherche et développement de Laïta (100 personnes à l’échelle du groupe) a mis au point différents ingrédients techniques et fonctionnels attendus par les industries de la chocolaterie, de la viennoiserie, des plats cuisinés, etc. Dans son troisième métier, la nutrition spécifique qui représente 10 % de ses ventes, « Even Santé Industrie poursuit son développement au service de grandes firmes de la nutrition clinique, diététique et infantile », dit Laïta, sans plus de précisions sur leur identité.
Fin prêt pour la suppression des quotas
Enfin, le chiffre d’affaires à l’export de Laïta (35 % du chiffre d’affaires) bénéficie à plein du contexte laitier mondial. Exemple : EPI Ingrédients « fait ses premiers pas sur le marché chinois sur lequel les attentes et besoins en ingrédients laitiers sont très importants », dit le groupe. Les raisons de cette croissance « solide et rentable » (dixit Christian Couilleau) ne peuvent être imputées à la seule demande du marché. D’abord, « Laïta a fait la démonstration que le regroupement (des actifs laitiers de Even, Terrena et Triskalia NDLR) a permis de réduire notre niveau d’exposition aux prix du marché mondial », analyse Dominique Chargé. En fait, le groupe commence à tirer profit d’une stratégie de création de valeur par l’innovation et le marketing, dessinée dès le démarrage de Laïta, à la mi-2009. Le groupe coopératif apparaît comme fin prêt à la libération des quotas laitiers, qui seront abandonnés en Europe dès 2015.