Il va falloir jouer des coudes à l’export
Deux documents importants publiés récemment, le rapport de l’USDA sur l’offre et la demande mondiale de céréales (et en soja, voir ci-contre) et les bilans prévisionnels de l’ONIGC, ont largement confirmé le titre de notre dernière chronique : « Des stocks records en vue ». Ces deux sources annoncent des reports de fin de campagne en hausse, la première au plan international, la seconde au plan français.
Nous avons détaillé le bilan prévisionnel blé de l’ONIGC (notre édition du 12 mars) qui conclut à des stocks en hausse sensible pour toutes les céréales, en particulier pour le blé.
Le bilan USDA mérite qu’on l’examine plus précisément. On n’y retrouve pas exactement les chiffres du CIC publiés fin février, mais les grandes tendances sont les mêmes, allant dans le sens de l’abondance des stocks.L’USDA a donc revu en hausse sa précédente estimation de production mondiale de blé à 684,43 millions de tonnes, contre 682,78 estimation de février et 610,98 il y a un an.
L’augmentation globale de production ne concerne pas tous les pays. L’Union européenne à 27 est gratifiée de 150,26 millions de tonnes contre 119,43 l’an dernier, les Etats-Unis, de 68,03 millions de tonnes contre 55,82, la Chine de 113 Mt, la Russie de 63,70 Mt, la Russie de 63,7 Mt et l’Ukraine de 25,90 Mt. Ce dernier chiffre est contesté par le ministère de l’Agriculture ukrainien qui le ramène à 20 millions de tonnes avec une compensation partielle par le maïs. Le Canada progresserait de 8,6 Mt, à 28,61 Mt et l’Australie retrouverait des couleurs après la récolte catastrophique de cette campagne, avec 21,50 millions de tonnes.
Catastrophe en Argentine
Cette année, la catastrophe a été pour l’Argentine dont la production se trouve réduite de moitié avec 8,4 millions de tonnes.
La consommation mondiale est estimée par l’USDA à 648,7 MT et le stock de report final à 155,85 Mt, dont 49 chez les 4 principaux exportateurs mondiaux, le 5 e habituellement,l’Argentine, ne disposant pas d’un disponible exportable significatif pour la prochaine saison.
Nos principaux concurrents sur le marché mondial sont en forme et l’UE devra jouer des coudes pour s’infiltrer dans les courants d’échanges estimés pour la prochaine campagne aux environs de 118 Mt. Pour l’instant, elle ne se débrouille pas trop mal en ayant exporté vers les pays tiers 3 fois plus de blé que l’an dernier. La France est passée pour sa part de 2,7 à 6,5 millions de tonnes, mais ses débouchés les plus réguliers demeurent les mêmes, en particulier, l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. On peut en craindre un risque de saturation ou tout simplement la pression de la concurrence. Heureusement, de nouveaux marchés s’ouvrent : l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite… qui sont à notre portée, tandis que nos voisins communautaires nous dédaignent de plus en plus.