« Il faut baisser les prix des produits biologiques »
LM : Quel bilan tirez-vous de l’année 2003 pour l’agriculture biologique ?
Michel Helfter : Fin 2003, les superficies cultivées suivant le mode de production biologique représentaient 550 000 hectares contre 518 000 en 2002, soit une croissance de 6%. Mais, si les superficies bio ont augmenté de 19% à 407 000 hectares, on constate une diminution des surfaces en conversion à l’agriculture biologique (-19% par rapport à 2002). Cette baisse est liée à l’arrêt des contrats territoriaux d’exploitation (CTE). Pendant 18 mois, du fait de l’arrêt des aides, les agriculteurs ont renoncé à la conversion. Les choses devraient rentrer dans l’ordre avec la mise en place des contrats d’agriculture durable (CAD) mis en place en novembre 2003, mais la croissance des conversions sera tout de même moindre en 2004 que les années précédentes où elle atteignait quelque 30%.
LM : Quels sont les freins rencontrés par les produits bio ?
Michel Helfter : Une enquête CSA réalisée récemment montre que le frein principal pour les non consommateurs de produits bio réside dans les prix jugés trop élevés. Il nous faut donc arriver à obtenir le prix le plus bas possible pour le consommateur qui soit en même temps le plus élevé possible pour le producteur. Dans le domaine du lait par exemple, il faut réduire les frais de collecte pour l’instant trop élevés car celle-ci est disséminée sur le territoire national. Pour cela, il faut que le nombre d’agriculteurs augmente. Nous sommes condamnés à croître pour rester compétitifs.
L’enquête CSA indique par ailleurs que les consommateurs de bio ont des difficultés pour trouver les produits qu’ils cherchent. Il y a un donc un gros travail à faire à ce niveau-là afin que les GMS proposent une offre beaucoup plus importante. Même s’ils se livrent à une guerre des prix avec les hard discounteurs, les distributeurs traditionnels prouvent, en participant notamment au Printemps bio, qu’ils s’intéressent aux produits bio dans leur souci de ratisser large.
LM : Le Printemps bio a-t-il des retombées sur la consommation de produits bio ?
Michel Helfter : Le Printemps bio a avant tout pour but de communiquer et d’informer le consommateur. Une récente mesure de la notoriété a d’ailleurs placé le Printemps bio en tête des évènements organisés sur la bio. Nous avons également des retombées médias importantes.
Pour l’édition 2004, dans laquelle 700 à 800 000 euros seront investis, nous allons notamment effectuer un travail plus approfondi en direction des scolaires avec l’évolution du kit pédagogique créé l’an passé qui contiendra un livre pour les maîtres. En outre, l’événement de cette année sera l’implantation d’une ferme bio sur la pelouse du parc de Bercy.