Il était une fois… Lenôtre
Né en 1920 en Normandie, Gaston devint pâtissier à Pont-Audemer en 1947, aidé de sa femme Colette. Par chance, sa pâtisserie se trouvait sur la route de Deauville, dont les inconditionnels ne manquent pas de s’arrêter pour déguster l’une ou l’autre de ses spécialités pendant le week-end. « Je me suis dit : puisque les Parisiens aiment tant mes gâteaux pour le week-end, pourquoi ne pas leur offrir le plaisir de les déguster tous les jours à Paris », m’avait-il raconté lors d’une partie de chasse, dont il était un fervent adepte. Il acquiert sa première boutique au 44, rue d’Auteuil. Très vite, c’est la réussite grâce à son empathie et au travail de Colette. Il baptisera d’ailleurs l’un de ses premiers gâteaux le Succès. Seront créés ensuite les incontournables auxquels il donnera le nom de sites parisiens prestigieux : Etoile, Molitor, Concorde, Opéra, Bagatelle… Autant d’innovations à une époque où la pâtisserie était souvent très lourde.
Le « deuxième père » de Patrick Scicard
Peu après, Gaston rachète une autre pâtisserie à Boulogne, avant d’installer, en 1968, son laboratoire de fabrication à Plaisir (78). Viendront, dans la foulée, les magasins de Victor Hugo, Parly 2, Vélizy, Wagram, Neuilly. En 1971, il ouvre son école de formation ; viendront s’y former les plus grands pâtissiers actuels. La France devient vite trop étroite pour ce boulimique d’activités. Il exporte à Berlin, au Japon, aux Etats-Unis, avec ses amis Bocuse et Verger. « Gaston était un passionné et un perfectionniste, un travailleur acharné, tant pour le gâteau du dimanche que pour la réception la plus prestigieuse. C’était un homme généreux, gourmand et chaleureux qui ne pouvait s’empêcher de goûter tous les produits lors de ses visites au laboratoire ou aux boutiques », se souvient Catherine Roudeix, directrice de la coordination des boutiques et membre de la famille.
La pâtisserie ne lui suffira bientôt plus. Il reprend le Pré Catelan en 1976 qui gagnera ses trois étoiles Michelin puis le Pavillon Elysée Lenôtre. En 1985, le développement dépassant ses capacités financières, il passe les rênes au groupe Accor qui contribue à développer le prestige de la société. Patrick Scicard, p-dg de l’entreprise, pleure « un deuxième père ». « Lui me considérait comme un deuxième fils, explique-t-il. Je n’ai fait qu’amplifier l’ADN de la marque. J’ai pris les produits et réalisations de la société et j’ai démultiplié. Gaston Lenôtre était un visionnaire qui n’était pas que pâtissier, il excellait en tout. Nous allons maintenir le cap, la qualité avec toute l’équipe, comme nous le faisons déjà depuis de nombreuses années avec les 8 MOF de l’entreprise. » Aujourd’hui, Lenôtre, ce sont 52 boutiques dans 13 pays, 1 400 employés et un C.A de 118 MD€. Ses proches lui ont rendu hommage hier à Plaisir et à Bernay (Eure).