« Huile de palme : les pays du Nord ne font pas le marché »

Les Marchés Hebdo : La culture de l’huile de palme est notamment accusée de créer des problèmes environnementaux. Partagez-vous ce constat ?
A. R. : Nous sommes des chercheurs et notre mandat, n’est pas d’être pro ou anti huile de palme, mais de regarder ce qui se passe dans la filière. L’huile de palme est beaucoup moins responsable de la déforestation que ce que l’on pense. Les concessions forestières sont avant tout données à des compagnies qui veulent y exploiter le bois ! Ensuite, les terrains sont soit laissés à l’abandon, soit plantés en acacia ou en palmier. Il y a bien sûr des points chauds beaucoup plus critiques comme Bornéo, mais même là, les palmes ne représentent que 40 % des cultures, et non 100 %.
LMH : Que faut-il faire sur le terrain pour produire de l’huile de palme « durable » ?
A. R. : Il y a un véritable problème de gouvernance dans ces pays. Le cadastre n’est pas à jour, et pourtant c’est la clef ! Il faut travailler intelligemment, car les pays du Nord ne représentent que 17 % du marché. On agit comme des donneurs de leçons, mais on ne fait pas le marché ! Il faut convaincre les producteurs et des pays comme la Chine ou l’Inde de l’importance d’une huile de palme certifiée. Par exemple, Carrefour, Sainsbury’s ou Walmart s’installent dans les pays émergents et en ayant le même niveau d’exigence pour tous leurs clients, ils tirent la filière vers le haut.