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Guillaume défend le « pouvoir paysan » au sein des coops

Le rapport de François Guillaume propose d’ouvrir sept chantiers pour la réforme de la coopération agricole. Les pistes sont multiples. Et le secteur dispose de peu de temps pour en débattre.

Que retiendra le projet de loi de modernisation agricole (ou d’orientation ? lire page 1) des propositions de François Guillaume sur la coopération ? Il est bien sûr trop tôt pour le dire. Mais le député de Meurthe-et-Moselle sait pouvoir compter sur l’appui du Premier ministre. Lorsque François Guillaume a remis son rapport au Premier ministre mardi, Jean-Pierre Raffarin a expliqué qu’il avait « demandé au ministre de l’Agriculture, en relation avec les autres ministres concernés, d’en examiner les conclusions lors des débats préparatoires de la future loi agricole, qui devra comporter un titre particulier réservé à la coopération ».

Si le statut de la coopération doit être modifié, c’est que leur visage a beaucoup changé lors de ces vingt dernières années. Des groupes importants ont émergé, dotés de puissantes filiales industrielles et confrontés à la loi du marché. Or, « l’immobilisme statutaire est tout le contraire du vecteur de progrès dont la Coopération a besoin pour son développement », explique François Guillaume dans son rapport. Le député prend notamment pour exemple « la contrainte de ‘l’exclusivisme’ qui ‘condamne’ les groupes coopératifs à se développer via des sociétés non coopératives qui peuvent échapper au contrôle des adhérents». Le député ouvre également le débat (sans le refermer) sur la question de l’adaptation des règles fiscales, en soulignant que Bruxelles envisage leur harmonisation.

Mais si François Guillaume est conscient de la nécessité de réformer le statut des coopératives, il n’entend pas pour autant l’affaiblir, a-t-il détaillé hier lors d’une conférence de presse. La coopération est un « phénomène de société en devenir et non pas dépassé », a-t-il expliqué. « Raison de plus pour la protéger de toutes les dérives qui en blessent l’esprit », a-t-il précisé, citant notamment « l’affairisme, penchant des technostructures privilégiant abusivement le développement de l’entreprise au détriment de la rémunération des adhérents », « l’absence de transparence» qui démotive ces adhérents et la « timidité de l’ouverture à la participation au profit de tous les salariés ». Les sept propositions que formule l’ancien ministre de l’Agriculture dans son rapport visent donc en priorité à renforcer « le pouvoir paysan et la démocratie interne » au sein des coopératives. « Par défaut de démocratie, les agriculteurs ont été spoliés de la Caisse nationale du Crédit agricole », a rappelé l’ancien syndicaliste agricole.

Une « Haute autorité »

La Haute autorité de la coopération agricole, dont François Guillaume souhaite la création, doit être l’instrument de ce retour des paysans au pouvoir au sein des coopératives, a-t-il expliqué avant de détailler ses éventuelles missions. Celle-ci agirait « comme un conseil de l’ordre», avec la capacité de retirer l’agrément coopératif en cas de manquement à « l’éthique coopérative». Elle aurait également un rôle de conseil stratégique assisté « d’une capacité d’audit».

Surtout, la Haute autorité serait dotée d’une « agence de financement dédiée, véritable banque d’affaires de la coopération agricole ». L’idée, c’est de fédérer les moyens de la coopération afin qu’elle puisse conserver dans son giron ses plus beaux outils voire épauler son développement externe. François Guillaume considère que les moyens de cette banque pourraient être fondés sur la mobilisation des parts sociales du Crédit agricole détenues par les coopératives et être abondés par les fonds agricoles actuels (Unigrains, Sofiproteol). La coopération a besoin de moyens d’investissements concertés, par exemple, dans la filière biocarburant, a expliqué François Guillaume. Il resterait aux coopératives et à leurs organisations à s’entendre à la tête d’un tel outil. Ce ne serait pas le moindre défi.

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