Guerre des prix, vers une trêve ?
Et si la réunion du 23 octobre avait servi à quelque chose ? Serait-ce faire preuve d'angélisme que de prédire une trêve dans la guerre des prix, et ce alors qu'après Système U et Auchan, Casino et Intermarché, Casino (encore lui !) et Metro viennent d'annoncer une alliance pour la vente de services et d'approvisionnement non alimentaire à l'international ? Si l'on en croit les représentants professionnels de tous bords, certains signes paraissent positifs. La réunion s'est tenue rue de Varenne et non à Bercy, un symbole qui, associé à la montée en puissance de Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, laisse supposer une prise de pouvoir de l'agriculture et l'agroalimentaire sur le dossier. Alors que Bercy rechignait depuis des années à s'opposer à la guerre des prix, penchant toujours du côté du pouvoir d'achat, Emmanuel Macron a annoncé qu'il saisirait l'Autorité de la concurrence pour faire la lumière sur les alliances à l'achat de la grande distribution. Quelques jours plus tôt Manuel Valls, lui-même, avait pointé du doigt le « risque de spirale perdant-perdant-perdant : perdant pour les producteurs agricoles et les industries agroalimentaires ; perdant pour les enseignes de la grande distribution ; et perdant à long terme pour les consommateurs, si le tissu économique se déchire ». Au moment où la CFDT monte au créneau, poussée par les salariés des IAA et de la distribution, les derniers billets de Michel-Édouard Leclerc sur son blog, certes toujours aussi ironiques, semblent un peu moins tranchants. Preuve de sa bonne foi, le distributeur a renouvelé son partenariat avec la Feef, tandis que la FCD annonçait la signature d'un code de bonne conduite avec l'association de PME. La peur du gendarme (comité de suivi du CICE et contrôle renforcé des négociations) joue sûrement dans cette « prise de conscience ». Espérons qu'elle se traduira dans les box. La fragile reprise des IAA en dépend ainsi que le maintien de grands groupes sur le sol français qui ne cachent pas, en coulisses, perdre de l'argent dans l'Hexagone. Nathalie Marchand