Guadeloupe : inquiétude pour la récolte de canne à sucre
La récolte de canne à sucre, principale ressource agricole de la Guadeloupe, paralysée par une grève générale depuis le 20 janvier, prend du retard et serait compromise si le conflit s'éternisait, estiment les professionnels. 9000 personnes, planteurs, ouvriers agricoles, transformateurs, vivent sur l'île de cette plante, dont la récolte se déroule uniquement pendant la saison sèche, qui va de février à juillet. Cette année, on évalue à 600 000 tonnes le volume de cannes, âgées de 10 à 18 mois, qui devraient être coupées pour le sucre et à 60 000 tonnes la récolte destinée aux rhumeries. « C'est au coeur de la saison sèche, en mars-avril, que la canne a le taux de saccharine le plus intéressant, car il peut monter jusqu'à 12 ou 13%, alors qu'il suffit qu'il y ait des pluies régulières, qui commencent en juillet-août, pour que le taux se dilue dans la sève et tombe à 7%. Ce n'est alors plus rentable », explique Ivan de Dieuleveult, le p-dg de Gardel du Moule, la principale usine de traitement de canne. « Si on reprenait maintenant, l'usine pourrait fonctionner vers le 18 mars et la campagne pourrait être sauvée, après on ne pourra pas tout récolter », assure M. de Dieuleveult. L'usine Gardel est structurellement déficitaire et a accumulé, selon son p-dg, « 20 millions de résultats négatifs depuis 1997 ». Le représentant du collectif intersyndical LKP (qui mène la mobilisation dans l'île pour obtenir une augmentation de salaire de 200 euros) chez Gardel, Martial Bisram, estime que même en cas d'accord rapide au niveau de l'île, le travail dans la sucrerie ne reprendra « qu'après la satisfaction de revendications spécifiques à l'entreprise ».