Groupama prédit plus de défaillances
Mardi, au Sial, la filiale Assurance-Crédit de Groupama ne s’est pas montrée très optimiste quant à l’évolution des défaillances d’entreprises françaises. « La tendance en 2008 n’est pas bonne, le nombre de défaillances est clairement à l’accélération (nldr : voire encadré p2). Nous avons beaucoup de craintes sur le second semestre », a estimé, Serge Paillaugue, directeur général de Groupama Assurance-Crédit, lors d’une conférence-débat organisée à l’occasion du Sial. En 2007, l’agroalimentaire dont le taux de défaillance est supérieur à celui du reste de l’économie (1,54 % contre 1,43 %) avait réussi à stabiliser sa « sinistralité » (934 entreprises ont disparu comme en 2006). Traditionnellement moins cyclique que les autres secteurs, le secteur devrait être touché en 2008 par la crise du crédit, du fait des spécificités mêmes de ses activités. « Les besoins en fonds de roulement sont importants, notamment à cause de la saisonnalité des ventes », a rappelé Serge Paillaugue. Or l’explosion du coût des matières premières et de l’énergie, la parité euro/dollar handicapante à l’export ou encore le décalage entre l’évolution du prix de revient et la répercussion sur le prix de vente ont laissé des traces dans les comptes d’exploitation des IAA en 2007-2008.
Les filières lait et céréales très touchées
Certaines entreprises ont réussi à s’adapter rapidement à cette nouvelle donne. Ce serait le cas du groupe NutriXo (930 millions d’euros de chiffre d’affaires), leader européen de la transformation du blé tendre. « La volatilité des prix a fait évoluer nos process et notre organisation, a témoigné M. Mirat, « crédit manager » à NutriXio, lors de la conférence. « On a figé nos marges de manière systématique et non plus au fil de l’eau, en ayant recours aux contrats à prime et au Matif blé à Paris ». Mais, « toutes les entreprises malheureusement n’ont pas réagi de la même manière », selon Serge Paillaugue.
Le spécialiste de l’assurance-crédit s’attend aussi à une accélération de la restructuration dans le secteur laitier, après la défaillance importante du groupe Toury (Auvergne) intervenue en 2007.
« La filière est en souffrance. On vit une année très noire, comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. La prime à la caséine, qui restait très significative pour certaines entreprises, n’existe plus. Les marchés s’effondrent, les stocks de poudres et de beurres progressent, amenant les catastrophes qui se préparent », a prédit Joël Bourgeais, directeur logistique et achats d’Eurial-Poitouraine.
En dehors de ces deux secteurs qui connaissent une dégradation de leurs situations, Groupama Assurance-Crédit a rappelé la fragilité de la restauration, des produits de la mer et du commerce de gros alimentaire sans oublier la filière transformation de bœuf en pleine concentration.
« Les prochains mois vont être cruciaux » a conclu Serge Paillaugue, précisant qu’il s’attendait déjà « à une accélération des dépôts de bilan ». « On peut avoir de belles entreprises “illiquides” parce qu’elles ont beaucoup investi et n’ont plus accès au crédit pour suivre la hausse de production », a-t-il prévenu, appelant de ses vœux la mise en application la plus rapide possible des mesures publiques annoncées pour libérer le crédit.