Grippe aviaire : une étude relativise l’intérêt de la vaccination
Des travaux publiés récemment dans la revue scientifique de référence Nature confirme les risques liés à la vaccination de la grippe aviaire, celle-ci pouvant favoriser la propagation silencieuse de souches virulentes, les volatiles mal protégés par le vaccin et contaminés n'étant pas détectés. « Lorsque la vaccination est utilisée, elle doit être extrêmement bien faite, faute de quoi elle pourrait aggraver le problème », résume Nicholas Savill (Université d'Edimbourg, Royaume-Uni), dont l'équipe a eu recours à des modélisations mathématiques pour évaluer les risques. Même si elle accroît la probabilité de détection d'une infection, l'utilisation d'oiseaux « sentinelles » non vaccinés, susceptibles de succomber aux attaques du H5N1 et d'alerter sur la possible contamination de leurs congénères vaccinés sans symptômes visibles, ne permet pas toujours d'éviter une diffusion de la maladie à d'autres élevages.
D'après les chercheurs de l'université écossaise, pour réduire de 50% la probabilité d'une flambée de grippe aviaire dans un élevage, 90% au moins des volatiles doivent être protégés par le vaccin, en supposant que celui-ci soit totalement efficace. « En pratique, il est très difficile de protéger plus de 90% des volailles d'un élevage, les niveaux de protection étant généralement beaucoup plus faibles », souligne l'Université d'Edimbourg dans un communiqué. Pour éviter une diffusion silencieuse du virus, il faudrait même atteindre un niveau de protection de plus de 95%. La probabilité d'une infection silencieuse d'un élevage par un autre est particulièrement élevée lorsque la protection vaccinale atteint 80%. « Lorsque la proportion de volatiles vaccinés augmente, moins d'oiseaux sont infectés, mais les flambées sont plus difficiles à détecter», expliquent les chercheurs dans Nature.