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Gérard Calbrix

Les Marchés : Les entreprises françaises ont-elles les reins solides pour supporter la volatilité des prix ?

Gérard Calbrix : Certaines entreprises ne sont pas en très bonne forme, mais transposées au niveau européen, elles ont une taille suffisamment importante pour résister aux aléas des marchés. Or avec le prix du lait actuel, elles ne peuvent pas produire du beurre et de la poudre sans perdre de l’argent car les coûts de revient sont beaucoup trop élevés par rapport à nos concurrents, notamment allemands, belges ou néerlandais. Cela met en péril nos entreprises. Par rapport à des entreprises européennes en monoproduits, les entreprises françaises proposent aussi des produits à valeur ajoutée avec des volumes plus faibles.

LM : Les autres pistes pour valoriser les coproduits du lait (hors consommation alimentaire) sont-elle viables ?

G. B. : La méthanisation et la distillation sont les principales autres pistes, mais la valorisation reste beaucoup plus faible que pour la consommation alimentaire. Cela permet toutefois de se débarrasser des produits. La méthanisation à partir de lactosérum est très compliquée à gérer. De plus il faut que les installations fonctionnent 355 jours par an. S’il y a une panne, comment dégager les excédents de sérum ? Certaines fromageries le font dans l’Est de la France car le prix du sérum est tellement bas que plus personne ne veut le collecter. Elles passent même par les stations d’épuration, mais cela a un coût énergétique trop élevé. En Allemagne, il y a une tradition de méthanisation.

LM : L’intervention de la Commission européenne est-elle toujours un moyen efficace de réguler les marchés ?

G. B. : A court terme en tout cas, c’est la seule façon de rééquilibrer le marché et de sortir des excédents. Ce n’est pas une solution miracle parce que les produits sont toujours là. Les stocks de la Commission européenne permettent de soulager les entreprises mais cela retarde d’autant plus la remontée des marchés. Avant sa modification, la Pac permettait de gérer de façon très efficace les aléas du marché. La Commission européenne pouvait acheter les excédents de lait à des prix acceptables, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

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