F&L : une campagne châtaigne « sinistrée »
La campagne châtaigne s’achève sur le bilan d’une récolte calamiteuse pour la quasi-totalité des terroirs de production. La châtaigne d’Ardèche n’a pas échappé au phénomène : « C’est une récolte sinistrée déplore Sébastien Debellut, chargé de mission au CICA (comité interprofessionnel de la châtaigne d’Ardèche). Une première estimation fait apparaître le chiffre de 23 % d’une année normale, c’est-à-dire environ 1 220 tonnes contre 5 500 tonnes. »
Cette baisse de la production est directement liée aux phénomènes climatiques : des gels qui ont détruit les bourgeons floraux, des pluies qui ont lessivé les pollens, un coup de froid à la récolte qui a entravé la maturation et un phénomène de rouille qui a accéléré l’effeuillement. En conséquence, les prix ont été élevés au stade de détail pénalisant la vente de châtaignes sous AOC : « Je pense que les volumes commercialisés sous AOC seront faibles dans le secteur du frais. Les prix étant élevés il était difficile de tenter une différenciation par le signe de qualité. C’est dommage car l’AOC est en phase de lancement et il aurait été important d’avoir au moins des volumes identiques à ceux de l’an dernier. »
Néanmoins, il y aura de la châtaigne AOC récolte 2008 sous les formes admises par le cahier des charges, c’est-à-dire les châtaignes sèches, les brises de châtaignes sèches, les châtaignes entières épluchées, la purée de châtaignes. « De nombreux producteurs fermiers se sont lancés sur la voie de la châtaigne transformée. Ils ont déjà une clientèle et ne sont pas forcément partis sur le frais, en dépit des prix intéressants, pour en assurer le suivi. »
Les industriels se sont tournés vers l’étranger
En revanche, c’est l’approvisionnement des industriels qui a été pénalisé et qui selon toute vraisemblance se sont tournés vers des apports étrangers. C’est aussi le cas dans le secteur du frais où les parts de marché seront peut-être difficiles à reconquérir. « C’est un risque admet Sébastien Debellut. La saison a été très compliquée. Pour les entreprises de production comme les entreprises d’expédition de la région déjà affectées par le gel de Pâques sur les fruits d’été, le cap sera difficile à passer. » La situation est identique dans les Cévennes, où il manque de 30 à 70 % de la récolte selon les secteurs et les variétés.