F&L : Savéol va mieux maîtriser sa logistique

Dans le monde alimentaire, personne n’échappera à l’obligation de faire figurer, à partir du 1 er janvier 2011, l’empreinte carbone sur l’emballage de son produit. Ni les opérateurs en produits élaborés, ni les producteurs de légumes. Depuis plusieurs années, Savéol, marque de tomate la plus connue de France, cherche à optimiser le transport de ses marchandises (70 000 tonnes de tomates en 2008, 1 200 tonnes de fraises de Plougastel, etc.).
De Plougastel-Daoulas (Finistère), siège de la coopérative, Richard Nouhaud, directeur général de Savéol, précise que cette réflexion porte sur seulement 40 % des ventes. Pour le reste, en effet, le client (des grandes et moyennes surfaces) se charge de venir prendre les palettes de fruits dans les stations de conditionnement de la coopérative. « Elles possèdent un réseau de distribution éclaté qu’elles approvisionnent en multi-produits », ajoute le dirigeant.
Pour sa logistique propre, Savéol s’appuie sur des transporteurs fidèles qui lui assurent une couverture nationale vers les marchés de gros, des clients de grande distribution en direct et l’exportation (22 % d’un chiffre d’affaires 2008 s’élevant à 137 millions d’euros, 90 % pour les tomates, essentiellement vers l’Allemagne). Les camions sortent de Bretagne remplis des fruits estampillés « Savéol », en route directe vers leurs clients.
Une zone fait exception, le Sud-Est de la France, où la coopérative éclate les marchandises expédiées de Bretagne sur de plus petits chargeurs dans une plateforme basée à Lyon. L’an passé, l’entreprise coopérative a rationalisé l’emploi des cartons et des barquettes pour le transport de ses tomates. Résultat : «Une forte réduction du poids matière des emballages et l’économie d’une cinquantaine de camions sur les routes sur un an », selon Richard Nouhaud.
Etre présent toute l’année sur le marché
La stratégie de développement de Savéol dans le Sud de la France répond pour partie à la réflexion logistique de la coopérative. L’accord de partenariat noué avec deux producteurs des Pyrénées-Orientales à l’automne, puis avec la Sica Primeurs du Mistral (sept producteurs) dans les Bouches-du-Rhône pendant l’hiver, doit permettre en effet de limiter les charges logistiques en produisant sur place.
Mais le plus important est ailleurs. « Avec cette production, nous allons être présents toute l’année sur le marché ». Le calendrier des cultures de tomates dans le Sud de la France permet une culture d’octobre à fin juin et donne des fruits rouges « made in France » au moment des fêtes. En Bretagne, les premières tomates « Savéol » n’entrent sur le marché qu’en mars.
Prise de contrôle de la marque « Sud à la bouche »
Second objectif rempli par cette opération de croissance externe dans le Sud : la prise de contrôle de la marque des Primeurs du Mistral, « Sud à la Bouche ». Celle-ci devient ainsi la seconde marque de la coopérative Savéol. La coopérative a déjà commencé à diffuser le cahier des charges maison dans les serres de ses apporteurs méridionaux. « Il y a quelques adaptations à faire, notamment en matière de suivi technique, de protection biologique intégrée et d’une plus grande régularité des produits ».
Il s’agit d’une certaine hamornisation des deux catalogues, sans vouloir pour autant verser dans leur uniformisation. De toute façon, les variétés employées en Bretagne diffèrent généralement de celles cultivées dans le Sud. En revanche, Savéol envisage de produire, demain, des tomates « Sud à la Bouche en Bretagne ». Tout reste à inventer.
Ces apporteurs nouveaux représentent 30 hectares de serres à tomates, qui s’ajoutent dès cette année au parc de 230 hectares déjà présents en Bretagne. Ils devraient mettre en marché, en année pleine, 7 000 tonnes de tomates environ. Savéol s’engage à commercialiser la totalité de leur production. Mais ces apporteurs ne sont pas adhérents, car les statuts de la coopérative Savéol limitent étroitement l’adhésion au seul territoire de la Bretagne. Richard Nouhaud ne fait pas mystère de l’intérêt pour Savéol de voir d’autres producteurs rejoindre la coopérative bretonne.