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Fipronil : les apiculteurs veulent aller plus loin

La décision du ministère n’a pas satisfait les apiculteurs qui réclament la saisie des stocks dans les exploitations. 

Sans surprise, Hervé Gaymard annonçait lundi soir la suspension des autorisations de commercialisation des produits à base de fipronil, en se basant sur l’avis de la Commission d’études de la Toxicité. Le document de la ComTox recommande la non-inscription du fipronil sur la liste des substances autorisées, étant donné « l’insuffisance d’informations permettant de caractériser le comportement de la substance dans l’environnement et ses conséquences sur la faune sauvage». La décision d’Hervé Gaymard porte ainsi sur six spécialités agricoles, dont le fameux Régent TS (aux côtés du Régent 5 GR, du Schuss, du Métis, du Texas et du Zoom). Plus surprenant, le ministre a cependant autorisé les agriculteurs à utiliser les semences traitées déjà en leur possession pour les semis de printemps tout proches. Le principe de précaution appliqué pour les fabricants ne s’appliquerait-il donc pas aux utilisateurs ? C’est en tout cas ce point qui a soulevé l’ire de l’Union Nationale de l’Apiculture Française.

Pour Jean-Marie Sirvins, président de l’UNAF, « le ministre est allé à l’encontre d’une décision judiciaire, car l’autorisation de mise sur le marché s’applique jusqu’à l’utilisateur. Nous avons porté plainte, hier auprès de tous les procureurs de la République pour que les semences enrobées présentes chez les agriculteurs soient mises sous scellés. Nous pensions que ces graines ne représentaient qu’une faible part des semences, et nous ne voulions pas pinailler auprès des agriculteurs. Mais 95 % des semences sont concernées, la situation est différente ». Le feuilleton des insecticides est donc loin d’être terminé, après plusieurs rebondissements judiciaires. Dernier en date, la mise en examen lundi de BayerCropScience pour « mise en vente de produits agricoles toxiques nuisibles à la santé de l’homme ou de l’animal et défaut d’autorisation de mise sur le marché d’un produit phytosanitaire dangereux». Le fabricant du Gaucho rejoint sur le banc des accusés la firme BASF Agro, mise en examen une semaine auparavant. Après le Régent, c’est donc le Gaucho qui pourrait subir une interdiction. M. Gaymard a sollicité dans ce sens un avis de la ComTox, qu’elle devra rendre sous un mois. De leur côté, la Confédération Paysanne, la Coordination Rurale ainsi que l’UNAF réclament une interdiction immédiate. « Concernant ce dossier, c’est le Conseil d’Etat qui va se prononcer. Nous nous affrontons aux lobbies, mais la justice va nous faire gagner », a poursuivi le président de l’UNAF.

Un doublement du prix du miel

Les apiculteurs français espèrent ainsi tourner une page douloureuse pour leurs exploitations. « Nous importons beaucoup plus de miel qu’auparavant, à cause de la surmortalité des abeilles. Cette année, la hausse est de 10 000 tonnes » a précisé M. Sirvins. Dans un entretien récent, le directeur du développement de Bernard Michaud SA (n° 1 français du miel) confiait des difficultés croissantes d’approvisionnement. « Entre 1995 (dernière année avant l’utilisation à grande échelle du Régent et du Gaucho) et 1998, la récolte sur miel de grande culture a chuté en moyenne de 40 % ». Ces chiffres, qui ne se sont guère améliorés, ont entraîné un doublement du prix du miel. « À l’instar du vin, le miel est un produit qui est difficilement interchangeable» a fait remarqué Bernard Saubot, de Bernard Michaud SA.

Rédaction Réussir

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