Fièvre catarrhale : la pression monte
Une centaine de négociants en bestiaux a bloqué hier l’accès au tunnel du Mont-Blanc (Haute-Savoie), pour réclamer la reprise des exportations vers l’Italie et des aides afin de compenser les pertes subies à la suite de la fièvre catarrhale. Venus de toute la France, à l’appel de la FFCB, les manifestants ont stationné une soixantaine de bétaillères, empêchant ainsi toute circulation dans les deux sens. « Commerçants à l’agonie, filière bovine au tapis », pouvait-on lire sur l’une des banderoles déployées sur les lieux.
Les manifestants ont choisi de bloquer le tunnel qui mène vers l’Italie, en réaction à l’embargo décidé par ce pays le 3 mars, faute de vaccination de l’ensemble du cheptel français, « alors que les doses commencent tout juste à arriver », a souligné Gérard Poyer, président de la FFCB, présent sur place. « Il y a eu une réunion hier (mercredi, ndlr) à Bruxelles pour réduire le délai d’attente pour l’exportation de 90 à 50 jours après la première dose de vaccin, mais ça a été refusé. Cela veut dire qu’on est bloqué pour 4 mois, c’est intolérable ! », a-t-il poursuivi.
Compenser les pertes
Les conséquences de l’embargo italien commencent à se faire sentir dans les entreprises de négoce, notamment celles spécialisées dans l’export. « J’ai mis la moitié de mes 20 salariés en chômage partiel. J’ai 45 000 euros de charges par semaine. Il faut qu’on soit indemnisé », a déclaré Jean-Paul Weber, négociant dans la région Centre exportant 80 % de ses animaux vers l’Italie.
Les manifestants réclament également des compensations supplémentaires pour les pertes subies en 2007, ainsi qu’ «un signe fort pour 2008», a souligné Poyer. Selon la FFCB, l’enveloppe prévue pour indemniser les négociants en 2007 est la même qu’en 2006, alors que la maladie touchait 16 départements la première année et qu’elle s’était entre-temps diffusée plus largement. «Nous n’avons pas reçu de réponses du ministère à nos demandes pour 2008, notamment en matière de reports de charges ou de prêts à taux bonifiés», a détaillé Christian Berthet, responsable Rhône-Alpes de la FFCB.
De son côté, Michel Barnier, qui regrette dans un communiqué qu’il « ait été impossible de trouver un accord entre États membres sur la libre circulation des jeunes animaux et sur un raccourcissement des délais de reprise des échanges pour les animaux vaccinés », réunira la filière bovine le 17 avril à l’occasion du comité national de suivi de la FCO, précise un communiqué. Paris est en effet revenue bredouille de la réunion mercredi à Bruxelles du comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale (CPCASA). Le texte adopté par les experts de l’UE offre, dans une large mesure, une base juridique européenne au dispositif en place en Italie. Le ministre de l’Agriculture Barnier « s’est entretenu personnellement avec Romano Prodi, président du Conseil italien, la semaine dernière », précise le ministère. Mais la situation est compliquée par le fait que les Italiens votent aux élections législatives et sénatoriales les 13 et 14 avril.