Ferme sous-marine : un projet polémique à Groix
Associations, mairie et habitants de Groix s'opposent depuis plusieurs semaines à un projet d'élevage de cabillauds, susceptible de s'implanter au sud de l'île morbihannaise et qui, s'il est jugé valable par les autorités, serait une première en Europe. Ses opposants craignent une pollution de la côte sud de l'île, très touristique, par les excréments des poissons enfermés dans une cage en eau profonde, mais aussi un manque à gagner pour les marins-pêcheurs privés de facto d'une partie de leur territoire de pêche.
Le projet est porté par Jean-Pierre Lalande, 70 ans, un ancien ingénieur de travaux publics qui pense ainsi pouvoir remédier à «l'effondrement des stocks naturels». Il prévoit l'installation à 6,5 km des côtes par 55 mètres de fond, dans des eaux comprises entre 10 et 12 degrés, d'une première cage de 1.000 m3 renfermant une centaine de kilos d'alevins. Cette cage sera maintenue par une amarre et les poissons seront alimentés automatiquement et surveillés à distance par transmission satellite.
De 10 000 à 20000 tonnes de poissons par an
M. Lalande compte financer son projet, dont le coût est estimé à plus de 600.000 euros, par un apport personnel (30%) et des subventions européennes (50%) et régionales (20%). Son objectif est de produire, à terme, de «10 000 à 20 000 tonnes de poisson» par an.
Mais l'opposition ne cesse de prendre de l'ampleur depuis mars. « Toutes les études sur les élevages intensifs de poissons mettent en évidence une dégradation des écosystèmes marins, du fait des excès d'aliments, des matières fécales, des produits de traitement des animaux et des cages», souligne le Collectif Pêche & Développement, une association prônant le développement durable basée à Lorient.
La plage de Locmaria, dans le sud-ouest de l'île, classée site Natura 2000, serait la première victime d'une éventuelle pollution, selon la municipalité de Groix, qui craint les «marées vertes».
« Cette baie est le coin le plus fragile de la côte. Les excréments azotés des poissons risquent de s'y accumuler», craint le maire, Eric Régénermel (DVG). «Faux»,rétorque Jacky Mollo, gérant de la société Fermes Off Shore-Cabillaud (FOS-CA) créée par M. Lalande pour porter son projet. « Le courant dominant pousse vers Belle-Ile», plus au sud, assure cet expert en travaux maritimes. Face à cette levée de boucliers, Jean-Pierre Lalande se dit prêt à adapter son installation en fonction des « résultats de l'expérimentation».