FCO : l’industrie réclame des mesures de l’Etat
Plus de souplesse et de réalisme. C’est ce que Dominique Langlois, président de SVA Jean Rozé (groupe Intermarché) demande dans l’application des périmètres de protection et de surveillance mis en place depuis le 14 octobre dans le Nord-Est de la France qui interdisent toute sortie de ruminants pour cas de fièvre catarrhale. « Certains de nos abattoirs affichent des baisses de production comprises entre 10 à 15 % », a expliqué aux Marchés dans les allées du SIAL celui qui préside également la FNICGV (Fédération nationale de l’industrie et du commerce en gros des viandes). Parmi les abatteurs adhérents de la FNICGV, certains ont vu leurs volumes à abattre diminuer de 45 %.
L’apparition de cas de fièvre catarrhale dans l’Est à la fin de l’été a déclenché la mise en place de plusieurs périmètres de surveillance et de sécurité. Ils limitent voire interdisent les déplacements d’animaux en dehors de la zone. Depuis la détection d’un nouveau cas, le 13 octobre dernier, sur une vache laitière d’un élevage de la Meuse, cette zone s’étend sur 16 départements, dans un rayon de 150 kilomètres.
Un bassin stratégique pour les Bretons
Or, ce bassin d’élevage est stratégique pour les industriels français qui s’y approvisionnent pendant l’automne et l’hiver en raison d’une production décalée avec les autres bassins de production. Le consortium Bigard Charal est moins affecté : il dispose d’abattoirs au cœur de la zone et peut sortir normalement ses viandes. La situation est différente pour les industriels extérieurs à la zone qui achètent des animaux vivants.
« Les industriels doivent s’approvisionner ailleurs, ce qui augmente leurs coûts, tandis que dans la zone, où un gros bovin sur trois est vendu hors du bassin, les prix s’effondrent », précise Nicolas Douzain, directeur de la FNICGV. Depuis plusieurs semaines, éleveurs, abatteurs, commerçants se réunissent avec les conseillers du ministre de l’Agriculture. Sans succès pour l’instant. Dans un communiqué en date de mardi, la FNICGV s’est fait l’écho du mécontentement de la filière.
Dans ce texte, la FNICGV exprime « sa colère car aucune solution sanitaire acceptable n’est présentée pour « évacuer » le stock de bétail fini, et aucun engagement concret d’indemnisation n’est pris à ce jour ». Elle fait part également de l’urgence de la situation car « la fin imminente de « l’été indien » -le moucheron porteur du virus ne sera plus actif avant la fin de l’automne NDLR- (aura) pour conséquence d’engendrer une sortie massive d’animaux sans débouchés. » Enfin, elle regrette le manque de cohérence des pouvoirs publics alors que l’Europe autorise des dérogations à l’exportation d’animaux vivants d’une zone contaminée si elles respectent un protocole sanitaire – désinfection des camions, transport par temps froid pour éviter la propagation du moucheron réservoir à virus-, poursuit en substance Nicolas Douzain.
« Jusqu’à présent, les industriels ont modulé les 35 heures pour s’adapter à une production en baisse, mais ces leviers ont pratiquement tous été utilisés », précise Douzain. L’étape suivante ? le chômage technique. Une mesure délicate dans un secteur industriel gourmand en main-d’œuvre.