Energie pour les serres : l’idée d'un précurseur
Les producteurs de tomates ne rigolent plus lorsqu’ils visitent la serre à tomates de Christian Gouennou, située à Plougastel-Daoulas (Finistère), au cœur du bassin de Savéol. Il chauffe 1,5 hectare de serre uniquement avec une chaudière à bois. Un système mis en place en deux temps, à partir de 2003 alors que rien à l’époque ne présageait une flambée des cours du pétrole sur la planète. Plusieurs serristes adhérents de sa coopérative l’ont copié depuis.
Le coût de son énergie n’a rien à voir avec le prix du gaz, principale source d’énergie utilisée par les trois quarts des 250 serristes bretons (source FDSEA du Finistère) et encore moins celui du fioul lourd, la plus onéreuse (20 % des producteurs). « Mon énergie me revient à 6,50 euros du mètre carré par an, y compris l’amortissement de l’équipement », explique Christian Gouennou. Au gaz, il faut compter plutôt 10 à 12 euros, et au fioul jusqu’à 15 euros.
Le serriste qui cultive des tomates vrac, grappes et des petits segments (petites tomates essentiellement) a cru à son projet jusqu’au bout. En 2003, il installe une première chaudière à bois, en complément de son énergie gaz. Puis fait le pas de stopper l’énergie fossile en 2004. Après plusieurs voyages en Europe, son choix se porte sur une chaudière de 2000 kW de marque autrichienne.
Il investit 330 000 euros dans la machine, et encore 100 000 euros dans les bâtiments de la chaufferie. Il bénéficie d’une aide de l’Oniflhor qui couvre 20 % du prix de la chaudière, mais voit sa demande de subvention à l’ADEME rejetée. Parallèlement, Christian Gouennou signe un contrat d’approvisionnement avec deux sociétés bretonnes spécialisées dans la récupération de bois d’industrie (palettes, déchets de scieries…) ou d’élagage.
15 euros la tonne…
Depuis trois ans, le bois arrive déjà broyé sous la forme de plaquettes, « tous les quinze jours environ, à raison de plusieurs dizaines de tonnes à chaque fois à raison de 15 euros la tonne ». Le serriste dispose d’un grand stock abrité dans un vaste hangar situé au sommet d’une pente. Dans ce hangar, un silo aspire le bois pour l’acheminer sur tapis convoyeur vers l’étage inférieur où se dresse la chaudière. L’énergie produite par la combustion d’environ 2000 tonnes de bois déchiqueté par an réchauffe ensuite les serres par échange thermique avec de l’eau.
Le système très automatisé et autorégulé ne lui prend pas beaucoup de temps, « entre deux heures et une demi-journée par semaine », précise-t-il. La chaudière fait l’objet d’une révision chaque année, lorsqu’elle est arrêtée entre deux cultures, entre novembre et décembre. En trois ans de plein fonctionnement, aucun pépin majeur n’a été déploré, assure le producteur. Si l’énergie bois, ou encore la cogénération ont été validées, d’autres alternatives aux énergies fossiles font l’objet d’études techniques : pompes à chaleur, puits canadiens… En Bretagne, guère plus d’une dizaine de producteurs les utilisent à la place du gaz et du fioul.