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En stagnation, le Bio va devoir se retrousser les manches

L'agriculture biologique a toujours autant de mal à répondre à l’attente du public. Bruxelles a prévu un plan de développement et de communication, abondamment relayé au plan national.

Pour la première fois, les chiffres de l'agriculture biologique (AB) sont en repli. Loin du boom que l'on pouvait prévoir il y a encore quelques années, l'AB en France a du mal à se hisser au niveau de ses camarades européens, avec 2 % seulement de la surface agricole utile contre 3,4 % en moyenne pour nos voisins. Selon les derniers chiffres publiés lors du SIA par l'Observatoire national de l'AB, les surfaces cultivées ont ainsi régressé de 3 % en 2004 passant de 550 000 à 540 000 ha.

« Ce léger recul est à l'image de l'ensemble de l'agriculture» justifie Elisabeth Mercier, directrice de l'Agence Bio, le groupement d'intérêt public réunissant pouvoirs publics et professionnels. Pour les responsables de l'Agence, la raison de ce manque de dynamisme est également à aller chercher dans le peu d'implication des partenaires. La quadrature du cercle semble difficile à obtenir pour les producteurs, qui doivent s'assurer un revenu suffisant tout en vendant à des prix abordables. Ils doivent de plus faire face à un cadre réglementaire qui, selon eux, favorise plutôt l'agriculture traditionnelle.

La situation n'est pas critique, mais n'est pas à l'embellie non plus, avec une quasi-stabilité du nombre d'exploitations (de 11 359 à 11 025) et de transformateurs (de 4 860 à 4 874). La diminution des surfaces en conversion (de 144 000 à 610 00 ha) est une perspective plutôt négative, mais Elisabeth Mercier se veut rassurante quant à l'offre. « Nous n'allons pas manquer de produits à court terme » a t-elle déclaré, rappelant la progression des surfaces céréalières en bio pour 2004 (+6,8 %), un chiffre comparable au cheptel bovin (+6 % de vaches laitières, +15 % de vaches allaitantes) et caprin (+4 % de chèvres bio).

Le maintien, sinon le développement de ce mode de production reste toutefois subordonné à la demande des consommateurs, qui plébiscitent les denrées « bio », mais font preuve de moins d'enthousiasme au moment de passer à la caisse. La Fnab (Fédération nationale de l'agriculture biologique) a d'ailleurs protesté lors du SIA sur le différentiel des aides reçues, qu'elle estime de 20 à 40 % en défaveur du bio par rapport à l'agriculture classique, une différence de traitement qui rend les produits les plus subventionnés forcément plus compétitifs.

« L'AB n'a pas autant d'amis qu'on le dit »

Présent lors de l'annonce des chiffres de la Bio en France, le représentant de la Commission Herman Van Boxem a annoncé le vote, le 10 mars, du rapport pour un plan d'action européen en matière d'alimentation bio. L'Agence Bio a également dévoilé son programme d'information, complété par des initiatives de plusieurs interprofessions (Interfel, Interbev et le Cniel). Cette intensification de la communication, qui semble agir dans le bon sens, ne remet toutefois pas en cause certains des freins au développement de l'AB, que Marie Hélène Aubert n'a pas manqué de rappeller. Parlementaire européenne (Verts) et rapporteure du programme Agriculture Biologique, Mme Aubert estime que les députés européens restent sur leur faim par rapport au plan d'action annoncé par la Commission, qui ne suffira pas à donner à l'agriculture biologique la place qu'elle mérite. « L'AB n'a pas autant d'amis qu'on le dit » a t-elle déclaré en souhaitant que la Commission « aille plus loin », en incitant les états à développer ce mode de production. « D'autres questions, comme la certification, le prix, ou encore les aides à la reconversion ne sont toujours pas réglées. Nous avons besoin de savoir ou nous allons ». En conséquence de quoi les députés européens pourraient demander plus d'implication de la Commission, plutôt que des rapports.

Rédaction Réussir

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