En Languedoc-Roussillon, les PME jouent la solidarité
Parce qu’il est difficile de relever une entreprise après un accident de parcours, les entreprises agroalimentaires de Languedoc-Roussillon (LRIA) ont décidé de créer une société d’appui financier. Le projet repose sur la création d’un outil de solidarité interentreprises qui puisse intervenir une fois que le pic de crise est dépassé, lorsque l’entreprise en difficulté doit rebondir mais suscite encore la méfiance chez ses financeurs traditionnels. Le dispositif, annoncé le 27 novembre dernier, a pris la forme d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) sous statut de société anonyme à conseil de surveillance.
« Cette idée d’entraide est nouvelle, elle a germé avec les conditions économiques du moment. Le projet est né d’un atelier que nous avons depuis plusieurs années avec les PME de la région sur la question du financement (NDLR : lire LMH n° 163 du 22 novembre 2012). Nous leur avons soumis le cas de six ou sept entreprises que nous connaissions, qui avaient rencontré des difficultés, s’en étaient sorties, mais peinaient à rebondir », raconte Brigitte Bouillut, en charge du dossier à LRIA. « Nous avons fait le constat que rien n’existait pour donner le coup de pouce aux entreprises après le moment de crise qui peut survenir lors d’un gros impayé, un accident, un sinistre… » La décision est alors rapidement prise de mettre sur pied un fonds de financement qui suscite l’adhésion rapide des entreprises de la région. Adhérentes, les entreprises peuvent mettre de 1 000 à 10 000 euros au pot commun et les entreprises aidées deviendront automatiquement membres de la SCIC. Une vingtaine d’entreprises ont d’ores et déjà signé, une vingtaine d’autres devraient suivre.
Ouvrir le dispositif à d’autres secteurs
« Nous allons profiter de 2013 pour faire connaître le dispositif auprès des chambres de commerce, des différentes branches professionnelles aussi car nous avons décidé de nous ouvrir aux autres métiers, l’activité de soutien ne sera pas limitée au secteur agroalimentaire. Nous travaillerons également à continuer de constituer les fonds propres qui permettront à la société d’intervenir. Nous devrions pouvoir atteindre cinquante souscripteurs et peut-être intervenir sur deux ou trois petits cas. En 2014, nous comptons atteindre 100 entreprises adhérentes et ouvrir le capital à d’autres partenaires financiers, nous avons prévu les statuts pour cela. »
Les objectifs sont d’obtenir rapidement 300 000 euros de fonds propres, puis 500 000 euros pour pouvoir bénéficier de la garantie Oséo. Dans leur réflexion, les dirigeants d’entreprises ont estimé entre 24 et 48 mois la durée d’intervention. S’il n’y a pas d’intervention financière durant le temps de la crise, l’idée est vraiment de se concentrer sur le rebond. Les apports financiers pourraient être compris entre 30 et 150 000 euros, « mais le plus souvent 80 000 euros seront suffisants », précise Brigitte Bouillut.
Le chef d’entreprise en difficulté sera toutefois accompagné par un groupe d’autres dirigeants d’entreprises pour l’aider dans ses prises de décisions. « Dans ces moments-là, la solitude des dirigeants est immense. Être à leurs côtés, c’est déjà énorme. »