En finir avec le gaspillage
Il y a un peu plus de deux ans le gaspillage alimentaire émergeait dans le discours politique. Aujourd'hui, la prise de conscience de tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire semble bien réelle. À l'exception peut-être du consommateur en bout de chaîne (les Français jettent encore en moyenne 20 à 30 kg de nourriture par an !). Économie de coûts de production, lutte contre le réchauffement climatique, solidarité en faveur des plus démunis… Les raisons sont multiples pour expliquer l'avancée de ce dossier. « L'alimentation n'est pas une marchandise comme les autres. Il faut tout faire pour ne plus jeter. C'est un scandale éthique et aussi une question de pouvoir d'achat », déclarait l'ex-ministre délégué à l'agroalimentaire Guillaume Garot, lors de la remise de son rapport sur le sujet, le 14 avril à Paris. Difficile de ne pas partager cette opinion. Pour réduire les gaspillages à tous les niveaux, chaque maillon est enjoint à prendre ses responsabilités. Les industriels sont appelés à adapter davantage les contenants et portions en fonction de l'appétit du consommateur. La question des dates de péremption revient aussi sur le devant de la scène. Guillaume Garot propose de supprimer les dates de durabilité minimale (DDM) sur certains produits (sel, pâtes) et de transformer les DLC de certains produits laitiers en DDM. Le raisonnement paraît logique et conduirait sûrement les consommateurs à jeter moins de produits, encore tout à fait consommables. Peut-être aussi parfois à être déçus sur la qualité de produits un peu vieux (mais c'est une question de changement d'habitudes). Moins de gaspillage signifierait sûrement moins de volumes de vente pour les industriels. Certes ! Mais le consommateur gérant mieux ses achats pourrait orienter son budget alimentaire vers des produits à plus forte valeur ajoutée pour les transformateurs. Ces derniers pourraient aussi moins jeter de produits grâce à un meilleur partage dans les « délais garantis clients » de la DLC et de la DDM entre industriels et distributeurs, demandé par l'Adepale et l'Ania et soutenu par Guillaume Garot. Un cercle vertueux que l'on ne peut que soutenir. N. M.