En attendant la loi Sapin 2
« En ce moment se déroulent les négociations commerciales pour 2016. Or, rien ne semble changer dans le rapport de force très déséquilibré entre des milliers de fournisseurs et seulement quatre centrales d'achat », a déclaré Annick Le Loch, le 4 février, devant l'Assemblée nationale. La présidente de la Commission d'examen des pratiques commerciales intervenait à l'occasion de l'examen de la proposition de loi du Sénat sur la compétitivité de l'agriculture et de la filière agroalimentaire. L'Ania dénonçait en décembre la demande préalable à toute négociation de remise complémentaire de distribution de Carrefour. Sans attendre la fin des négociations, la DGCCRF aurait déjà lancé les contrôles chez les distributeurs, croit savoir Challenges dans son numéro du 4 février, affirmant que les discussions se passent très mal. À tel point que l'État brandit déjà la menace d'une nouvelle mesure législative. Ainsi Stéphane Le Foll, qui taclait les députés Républicains d'avoir voté la LME, a annoncé dans l'hémicycle qu'il allait proposer de nouvelles dispositions à l'occasion de la loi Sapin 2. L'idée : faire référence aux prix payés aux producteurs dans les contrats laitiers. Et inscrire une clause équivalente dans les contrats LMA pour les coopératives. Le chantier législatif sur les négociations commerciales va donc à nouveau s'ouvrir... Et les différents lobbies de se mettre au travail pour en amoindrir ses effets. Ce qui ne manquera pas de renforcer les oppositions entre clients et fournisseurs... Pour quel effet, peut-on d'ores et déjà se demander au vu des précédentes initiatives en ce sens ? En attendant donc cette énième tentative législative, un phénomène intéressant progresse à l'amont. Acculés, les producteurs s'organisent enfin. Après le rapprochement de cinq groupements de producteurs porcins pour bâtir une offre collective, dans le lait, une nouvelle AOP Grand Ouest, réunissant près de 4200 exploitations, vient de se mettre en place. PME de l'agroalimentaire, vous avez aussi intérêt à vous regrouper pour être plus fortes sans attendre de nouvelles lois. En témoignent les actions de la Feef, ou certaines nouvelles formes d'associations ou de regroupements d'entreprises. N. M.