En 50 ans, le budget alimentaire a fondu
Dans les récentes décennies, la quantité globale d’aliments consommés par un Européen a finalement peu changé : elle est passée de 735 kg par personne en 1970 à 770 kg en 2002 (+ 5 %). Mais la composition même des régimes alimentaires a fortement évolué, comme la manière de produire les aliments et leur distribution : en 1960, une épicerie proposait 2000 sortes de produits. Un supermarché moderne en aligne plus de 15 000 et que dire des hypermarchés !
Le recul du poids de l’alimentaire a constitué un des facteurs-clé du changement en Europe. Les consommateurs se sont orientés vers des produits plus élaborés à la recherche de praticité. Sur le long terme, les prix des denrées alimentaires ont moins augmenté que les revenus. La part du budget des ménages consacré à l’alimentation s’est fortement réduite avec l’amélioration du niveau de vie. L’alimentation absorbait ainsi prés de 25 % des dépenses des budgets en France comme en Allemagne au début des années soixante pour tomber à 20 % à la fin des années 80. Elle varie désormais dans l’UE de 10/12 % dans les pays de l’Ouest à 30-35 % dans les nouveaux entrants (Pays Baltes, Bulgarie, Roumanie). En 2006, selon Eurostat, les ménages ont consacré 12,8 % de leur budget à leur consommation alimentaire (13,7 % pour les Français cette année-là).
+17 % d’ici 2020 ?
Dans l’UE à 15 comme dans l’UE à 27, cette dépense des ménages baisse de près de deux points en 15 ans. L’impact des augmentations des prix des matières premières depuis mi-2007 reste encore à chiffrer précisément. L’agence européenne de l’environnement estimait en 2005 que le budget alimentaire devrait croître de 17 % entre 2000 et 2020 alors que, durant la même période, les dépenses des ménages devraient progresser de 57 % (énergie, logement, transports, loisirs).
Sur 50 ans, l’évolution la plus marquée est celle de la viande ( +72 % en Belgique entre 1955 et 2004), mais depuis 1995, dans les pays à plus forte consommation de viande (UE-15), les quantités baissent, rejoignant ainsi le déclin plus ancien du pain et des féculents. Les tendances sont à peu prés partout identiques depuis la création de l’UE : déclin de la consommation individuelle de pommes de terre, de lait et de viande bovine, augmentation de celles de fruits et légumes, de la viande de porc et de la volaille, de poissons, de produits de la mer et de fromages. Un consommateur appartenant à l’un des pays de l’UE à 15 avale aujourd’hui en moyenne deux fois plus de fruits, de viande bovine, de poisson et de fromage qu’un consommateur des nouveaux entrants. En moyenne, une personne de l’UE-15 consomme environ 91 kg de viande, 26 kg de poisson et de produits de la mer, plus de 300 kg de céréales, de légumes et de fruits, 80 kg de pomme de terre.
Les évolutions de la consommation sont également nettes pour les boissons. La consommation d’eau en bouteille a par exemple progressé partout dans les années 90 : elle a triplé depuis dans certains pays comme l’Irlande, la Norvège et le Royaume-Uni. En France, les boissons rafraîchissantes et les eaux remplacent progressivement les boissons alcoolisées. Les boissons sucrées, quasiment inexistantes en 1990 représentent près de 47 litres en 2005. Les vins de qualité courante perdent du terrain, les AOC et les VDQS se maintiennent, la bière perd des consommateurs.
Sources : FAO, Eurostat, Insee, Crédoc, OCDE, ministère de l’agriculture, Commission européenne.