Élargissement : dangers et opportunités
Quelles opportunités et menaces représentent l’arrivée des dix nouveaux États membres ? À quelques jours de l’échéance, une réponse est apportée par Jean-Luc Mériaux, secrétaire général de l’Union européenne du commerce du bétail et de la viande (UECBV). Son étude présente les « Perspectives de l’élargissement de l’UE dans le secteur de la viande ». Au chapitre des opportunités à moyen terme, il cite la création d’un marché unique de 450 millions de consommateurs. « La production de viande bovine des pays entrants est irrégulière et leurs performances qualitatives sont moindres. Aux Quinze d’en profiter. » Le cheptel bovin des Dix est essentiellement laitier. Seuls 5 % sont de type allaitant (contre 15 % dans l’UE à 15). En porc, la rentabilité est inférieure. Sur le plan du commerce, la pénétration de la distribution moderne constitue une chance. Les opérateurs sont allemands, autrichiens, français, britanniques. Ils s’approvisionnent dans l’UE à 15. À plus long terme, l’augmentation du niveau de vie entraînera une plus forte demande. « Les productions bovine et porcine des Dix seront incapables de suivre cette évolution. Conséquence, leur balance commerciale va s’inverser. »
Des dangers existent à court terme. Un déclin de la consommation est observé, surtout en bœuf. La baisse représente -35 % entre 1995 et 2004, avec une pointe à -25 % sur les trois dernières années. En revanche, la demande en viande porcine possède un potentiel de hausse. « Les écarts de prix en viande bovine provoqueront un afflux de bétail vif chez les Quinze. D’importants arrivages de petits veaux, de broutards, voire de vaches de réforme interviendront lors des premiers mois. » Les autres points noirs viennent de la faiblesse provisoire du pouvoir d’achat et de la barrière linguistique. Sur le long terme, les industries agroalimentaires combleront leur retard. Elles augmenteront leur capacité de production, leur productivité et la qualité de leurs produits.
Afflux de bovins
Les effets de l’élargissement sur les marchés de la viande seront hétérogènes. En bovin, l’apport des Dix entraînera une hausse de 13 % du cheptel. La production devrait se stabiliser et la consommation reculer, d’ici à 2010. Le taux d’autosuffisance, initialement de 112 %, devrait se tasser. Ainsi, la Pologne deviendrait importatrice nette. En porc, l’UE élargie détiendra 25 % de cheptel supplémentaire. « Aucune déferlante de produits n’est à craindre en provenance des Dix. Production et consommation s’équilibrent. »