Echalotes : les Français se battent pour l’étiquetage
Les producteurs d’échalotes s’apprêtent à engager un nouveau combat. Mais sans l’appui des pouvoirs publics, il semble difficile à gagner, ont-ils laissé entendre la semaine dernière en Bretagne, principale zone de production –600 producteurs qui récoltent 35 000 des 45 000 tonnes produites en France. Depuis une décision du conseil d’Etat intervenue le 1er décembre, l’appellation « échalote » telle qu’elle était définie en France tombera le 18 janvier prochain. A cette date, l’arrêté de commercialisation français qui fixe précisément, depuis 1990, les caractéristiques végétatives de l’échalote –issus de multiplication végétative, cultivés à la main…- devra être abrogé.
Conséquence : les producteurs français d’échalotes craignent d’être concurrencés à l’avenir par de petits oignons autorisés à s’appeler échalotes. Des bulbes issus d’une production mécanisable sur de grandes surfaces, alors que leurs échalotes se plantent et se récoltent manuellement sur de petites structures d’exploitation.
Une appellation « hybride issu de semi » ?
L’arrêté de commercialisation avait été signé par le gouvernement français pour faire cesser l’importation de petits oignons turcs qui entraient déjà en France sous l’appellation d’échalotes. La victoire aura été de courte durée. Dès 2001, l’arrêté de commercialisation était attaqué devant la Cour européenne de justice par une maison semencière hollandaise. Dans l’offre commerciale de De Groot en Slot, figurent deux hybrides (croisement d’une échalote et d’un oignon) qu’elle a réussi à inscrire au catalogue européen. C’est ce recours qui a abouti à la situation actuelle. Pour leur défense, les Bretons ont évoqué tout à la fois les différences gustatives entre les deux produits, la notoriété de l’échalote auprès des consommateurs, et même l’échalote comme élément de la biodiversité.
Rien n’y a fait. « Nous avons eu des réunions avec le ministère de l’Agriculture qui nous a toujours assuré qu’un nouvel arrêté remplacerait l’ancien », explique Pierre Bihan-Poudec, président de la section nationale échalote, producteur lui-même dans le nord Finistère.
Et maintenant « on nous dit qu’un nouvel arrêté serait immédiatement attaqué et ne tiendrait pas longtemps », poursuit-il. Les Bretons réclament que le gouvernement impose au moins un étiquetage, tel « hybride issu de semis » pour les échalotes de semis, et accorde un budget communication de 300 000 euros par an pendant cinq ans pour rappeler au consommateur la différence entre « l’échalote de tradition » et l’échalote de semis.
Parallèlement ils se tournent vers les consommateurs. Une pétition sera très prochainement en ligne sur le site de la section nationale (www.échalote.org).