Eau en bouteille : débat orageux outre-Atlantique
Un mouvement grandissant aux Etats-Unis s'oppose à la consommation régulière d'eau en bouteille en raison du gaspillage de plastique et des coûts énergétiques générés par son acheminement. En juin dernier, la Conférence des maires des Etats-Unis a voté une résolution appelant les municipalités à abandonner progressivement l'eau en bouteille et à promouvoir l'importance des réserves publiques d'eau potable.
Cette opposition survient à un moment où les ventes d'eau embouteillée connaissent une forte hausse aux Etats-Unis, peut-être liée à la peur d'une éventuelle contamination de l'eau du robinet. Le Conseil de défense des ressources naturelles a conclu que « la plupart des eaux testées étaient de très bonne qualité (même si) quelques marques étaient contaminées », tout en relevant que l'eau en bouteille « subit des tests » moins drastiques et « a des normes de pureté moins rigoureuses que ce qui s'applique à l'eau du robinet ». De plus, selon ce groupe, « environ un quart de l'eau en bouteille est en réalité de l'eau du robinet embouteillée ». Cependant, Kevin Keane, de l'association américaine des boissons, souligne que l'eau en bouteille est nécessaire aux communautés touchées par des catastrophes naturelles et dont les réseaux publics d'approvisionnement en eau sont infectés. Mais, au-delà des questions de sécurité et d'environnement, certains militants accusent l'industrie de l'eau embouteillée de s'approprier une ressource publique. Dans le Maine (nord-est), l'accès à un important bassin par Poland Spring, grand embouteilleur américain appartenant à la société suisse Nestlé, soulève la controverse. « Nestlé ruine les ruisseaux, les étangs, les puits et les bassins aquifères », soutient Judy Grant, de l'organisation militante Corporate Accountability.
Joe Doss, président de l'Association internationale de l'eau en bouteille, déplore « que cela tourne au débat entre eau du robinet et eau embouteillée » puisque, selon lui, la plupart des gens boivent les deux. L'eau en bouteille représente une infime partie des déchets en plastique non recyclés, affirme-t-il. Les efforts de recyclage doivent provenir de l'ensemble des industries, pas seulement des embouteilleurs, ajoute-t-il.