Du NOAM au MOMA
On se souvient (peut-être) de l’audacieuse initiative lancée il y a trois ans en faveur du NOAM, le « Nouvel ordre agricole mondial (NOAM) ». Manifeste, dîner de presse, ce mouvement exprimait sa défiance à l’égard de l’ultra-libéralisme agricole et réclamait d’urgence la création de marchés communs agricoles « à la fois protégés et ouverts sur le monde», l’introduction de « la notion d’équité des échanges» dans les missions de l’OMC, ou encore « la régulation des marchés ». Bref, du Mazoyer pur sucre. A sa tête, non pas de dangereux gauchistes, mais la fine fleur des présidents de coopératives françaises : In Vivo, Limagrain, Coopagri, Euralis, etc. Ce mouvement de contestation vient de renaître de ses cendres à la veille de Hong-Kong sous les espèces du MOMA, le « mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture ». Cette fois, l’association s’est étoffée de quelques politiques (Jean Bizet, Georges Fenech, Jacques Godfrain), présidents et directeurs de fédération (Henri de Benoist, Luc Guyau, Bernard Layre, Jacques Hubert, le directeur de Coop de France) ou encore des représentants d’ONG comme Xavier Emmanuelli, du Samu social. Car l’objectif du MOMA est avant tout de démontrer qu’une libéralisation des échanges sans garde-fou « n’améliore aucunement la situation économique des pays les plus pauvres ». Une grandeur d’âme qui honore Limagrain, qui sert de siège à ladite MOMA. Dont les méchantes langues disent que le nom fait une concurrence abusive à l’AMOMA, l’association des médaillés dans l’Ordre du Mérite agricole. A moins que ce ne soit la même chose, ou presque...