Dischamp : « Wälchli pourrait nous intéresser »
Les Marchés : Vous avez repris l’activité fromagère de Toury il y a un an. Comment s’est déroulée l’intégration ?
Jean-Luc Dischamp : Dès la reprise de cette activité, nous avons réalisé un bilan de la situation pour en connaître les forces et les faiblesses. Nous avons ensuite entamé une vaste réorganisation qui va de la collecte de lait à l’emballage des fromages. Nous avons ainsi passé des accords de collecte avec d’autres industriels privés ou coopératifs. Le parc de camions a été renouvelé avec la mise en place d’une autre politique de gestion du parc. Des actions ont été menées dans le même temps pour améliorer la qualité du lait. Concernant les producteurs, nous avons incité ceux ne réalisant pas leur référence, à le faire.
C’est dans ce contexte que la famille Toury a décidé de se pourvoir en cassation pour contester la reprise mais à nos yeux, cette action est irrecevable et donc vouée à l’échec. Nous sommes donc sereins par rapport à cela. Le problème vient plutôt du fait qu’une telle action conduit forcément le personnel et les établissements financiers à s’interroger. En cela c’est un peu déstabilisant.
LM : Dans quel état se trouvait l’outil de production de Toury ?
Jean-Luc Dischamp : Alors que le site de Theix, repris par le Glac, était vraiment délabré, ce qui a causé au Glac des problèmes importants, le site de Saillant était plutôt en bon état. Malgré tout, nous avons programmé 5,8 M Eur d’investissement sur 3 ans nous permettant notamment de réaliser des économies d’énergie importantes mais aussi d’améliorer notre atelier d’emballage.
Au niveau de la collecte, entre le Glac et nous, elle représente 125 millions de litres. Notre production de fromages était jusqu’alors de 3 000 tonnes et nous avons, avec la reprise de Toury, récupéré 6 000 tonnes supplémentaires. Au final, notre groupe, qui emploie désormais moins de 50 personnes en plus sur la collecte et 100 personnes supplémentaires au niveau de l’activité fromagère, réalisera un chiffre d’affaires de 150 M Eur avec l’apport des 35 M Eur de Toury.
L’activité fromagère de Toury était à peu près à l’équilibre. Notre difficulté a résidé principalement dans le fait que le rachat est intervenu au moment de l’explosion du prix des matières premières et notamment du lait. Nous avons donc voulu augmenter les prix, ce qui n’est pas une mince affaire lors des négociations avec les grandes et moyennes surfaces.
Heureusement, le marché du fromage se porte plutôt bien car les hausses de prix aux consommateurs, de 15 à 20 %, pouvaient laisser penser que la consommation allait chuter. Or, pour le moment, elle se maintient bien. Elle est malgré tout en baisse en volume car à prix identique, le grammage est aujourd’hui inférieur.
LM : Après Toury, regardez-vous d’autres dossiers ?
Jean-Luc Dischamp : Les dossiers intéressants ne sont pas très nombreux même si est évoqué ici ou là le possible rachat de Wälchli par Lactalis. C’est un dossier qui, le cas échéant, peut nous intéresser. Si la famille Wälchli veut trouver une solution, nous sommes là.