Dielna investit dans l’aliment liquide
Aux côtés des aliments solides produits à plus de 21 millions de tonnes dans les usines françaises d’aliments pour animaux, il existe des créneaux plus spécifiques comme les aliments minéraux et les aliments liquides. Ajoutés aux rations des vaches laitières hautes productrices et des animaux à l’engraissement, ces derniers se positionnent comme des aliments très techniques, leur apportant sucres et azote. Incorporés directement sur l’exploitation, soit sur les fourrages, soit dans la mélangeuse, les aliments liquides sont fabriqués à partir de matières premières issues des process agroalimentaires : mélasse, urée, coproduits azotés…
Or, ces sources d’approvisionnement connaissent de fortes tensions au même titre que tout le panier des matières premières. « L’hiver dernier a été particulièrement difficile » note François Chedru, vétérinaire et p-dg de Dielna, l’un des principaux producteurs français. « Nous avons connu une hausse de la demande, non seulement chez les éleveurs les plus techniques mais aussi avec des achats opportunistes d’éleveurs. Pour des raisons climatiques, les fourrages étaient de mauvaise qualité dans certaines régions et les producteurs tentaient, grâce à l’appétence de nos produits, à les valoriser quand même. Dans le même temps, l’offre de matières premières se raréfie. »
Par exemple, l’évolution du règlement sucre réduit la disponibilité des mélasses de betterave pour l’alimentation animale : l’UE a connu une rupture dès décembre sachant de surcroît que les biocarburants (éthanol) captent une partie des volumes. Les importations de mélasse de canne constituent donc l’essentiel des approvisionnements de la fraction sucrée des aliments liquides (30 % environ), mais là aussi les disponibilités ont été tellement tendues au niveau mondial que nombre de contrats ont été dénoncés !!! Idem pour les coproduits azotés : la biotechnologie sait faire fermenter des produits de plus en plus variés ce qui réduit d’autant les disponibilités pour l’alimentation animale.
Une capacité de 50 000 tonnes
Outre la validation des résultats techniques sur le terrain et le travail sur la communication au sein de l’association de fabricants Aliquance qui organisait son symposium le 27 mars, Dielna se concentre donc de plus en plus sur le « sourcing » en matières premières. « Nous avons pris dès la sécheresse de 2003, la mesure de l’importance de la sécurisation physique des approvisionnements. C’est elle qui nous permet de nous développer. C’est pourquoi nous disposons de notre propre cuve sur le port de Rouen dont la capacité représente un bon tiers de nos approvisionnements annuels ».
Située à Romilly sur Andelle, dans la vallée de la Seine, le site historique s’avère désormais trop étroit pour assumer l’augmentation de la production. « Nous investissons donc à quelques kilomètres de là, à Bourg Baudoin. Dielna y possède désormais deux hectares. Nous posons la première pierre d’une nouvelle usine d’une capacité de 50 000 t qui devrait être opérationnelle au second trimestre 2009 » détaille le p-dg. La localisation s’avère optimale au regard des approvisionnements : proximité du port de Rouen et des grandes zones de l’agroalimentaire, en Picardie. Au regard de l’augmentation de la technicité de ces métiers, cette nouvelle usine pourrait bien constituer le signe d’une réorganisation de la production.