Deux Nicolas
Il est énervant maintenant, Nicolas S., à répéter sans cesse qu’il aime l’action, le terrain, le concret, qu’il est passionné, tourné vers l’avenir et tout. C’est bien, mais faut suivre. C’est fatiguant, les gens branchés sur une pile atomique qui sont à Rennes l’après-midi, à Moscou le soir et qui, tel Napoléon signant les statuts de la Comédie-Française sous les murs du Kremlin, règle de là-bas le sort des candidats aux sénatoriales à Paris. On a envie de lui crier : bon, ça va, on a vu que tu savais faire, ralentis un peu et prends le temps de réfléchir à ce que tu vas nous raconter demain.
Heureusement, comme en compensation, Nicolas F. nous plonge dans une rassurante torpeur. A consulter son agenda officiel, voilà un homme qu’un bon déjeuner n’empêche point de bien dîner, et que ses affaires rapprochent opportunément chaque fin de semaine de sa maison familiale en province. Avec lui, pas de discours à sensation, de décision à la hussarde, pas le moindre petit mot vachard pour les copains. C’est plutôt le genre : «Nous allons nous concerter ensemble (sic) et mettre en synergie nos moyens et nos actions (resic)…» ce qui, Dieu soit loué, n’engage vraiment à rien. Vous avez compris : je suis un essoufflé de Nicolas S., et je ne suis pas loin de me rallier au manque de panache de Nicolas F. Avec lui, on en fait moins, mais on dîne à l’heure.