Des vignerons s’associent pour renforcer les AOC
Ils sont vignerons dans tous les vignobles de France, se positionnent en règle générale sur le haut, très haut de gamme, et viennent de décider de partir au feu pour défendre les AOC. Se réclamant de l’héritage de Joseph Capus, qui a bataillé 20 ans à la suite du Phylloxera pour faire admettre aux vignerons du début du XXe siècle qu’il valait mieux opter pour des cépages français greffés que pour des hybrides résistant, ils entendent donc défendre une tradition, mais aussi un esprit du vigneron français. « Nous souhaitons que les propositions faites par René Renou soient entendues et appliquées, que les appellations se hiérarchisent et offrent la possibilité aux vignerons de travailler différemment. C’est prévu dans les options qu’il a défendu comme l’AOCE (appellation d’origine contrôlée supérieure) ou « site et terroir d’exception » (STE) », explique Jean-Marie Le Bihan, viticulteur en Côte de Duras (47) et membre du conseil d’administration de la nouvelle association. « La réforme des systèmes d’appellations, et l’allégement des règles tel qu’il est envisagé, sert simplement à répondre à l’angoisse des vignobles qui craignent que les dénominations « vins de pays » ou « vins de tables » soient un handicap sur le marché, alors que ce sont de réels outils pour répondre aux attentes des consommateurs » plaide-t-il encore. « Nous voulons rappeler qu’il existe encore des consommateurs qui sont attachés au vin de « tradition française » et que nous nous détournerions d’eux en affaiblissant le carcan des appellations d’origine». Présidée par un champenois, Anselme Selosse, l’association comptait une quarantaine de membres dès son assemblée générale constitutive en mars dernier. Le nom définitif (Sève ?) ainsi que les statuts devraient être finalisés dans le courant de ce mois. « Nous allons écrire nos convictions, préciser ce que nous souhaitons défendre ; une viticulture éthique et responsable », poursuit le viticulteur Lot-et-Garonnais. « Nous nous engagerons ainsi à respecter le terroir, planter à haute densité pour stresser la vigne, respecter le raisin, tendre à bannir la machine à vendanger… Rien n’est encore fixé, mais c’est dans cette direction que nous allons probablement travailler ». Avec le ferme espoir de faire peser le poids de l’histoire viticole française dans la balance.