Des députés russes envisagent d'interdire la viande surgelée
De notre envoyée spéciale en Russie
Grâce à l'augmentation rapide du pouvoir d'achat, le développement accéléré des grandes surfaces depuis 8 ans et malgré les grandes diversités de revenus, la Russie est en passe de devenir le premier marché alimentaire d'Europe, à l'horizon 2010. Le taux de croissance du PIB affiche en effet une moyenne annuelle de 7 % depuis 2000. Avec près de 145 M d'habitants dont les trois quarts habitent en ville (10 M à Moscou et 5 M à St Pétersbourg ), et une consommation moyenne de 57 kg de viande par an, le potentiel est incontestable. Mais compte tenu de l'insuffisance de la production agricole, l'essentiel des besoins est couvert par les importations. Elles assurent aux environs de 40 % des besoins alimentaires. Malgré sa superficie, la Russie a relativement peu de terres adaptées à l'agriculture en raison des conditions climatiques. Et la restructuration des anciennes fermes d'Etat a été un processus extrêmement lent. Des années de très faibles investissements ont laissé beaucoup de structures russes archaïques et les banqueroutes se sont multipliées.
+7 % d'importation de viande en 2007
Au total, si les Russes exportent pour 1 milliard de dollars US de denrées agricoles (essentiellement des céréales, données 2006), ils importent pour près du triple en valeur (2,8 Mds US Dollars).
Réunis le 3 juillet autour d'un projet pour le développement de l'agriculture d'ici 2012, producteurs, transformateurs et distributeurs de produits alimentaires russes estiment qu'ils sont parfaitement capables de produire plus. Mais ils demandent que l'Etat réajuste l'accroissement des tarifs des monopoles au niveau de l'inflation, stimule l'agriculture sur les terres non utilisées, augmente sa part de remboursement des intérêts des crédits contractés par les producteurs, allonge la liste des produits subventionnés et soutienne la rénovation et le développement des infrastructures, notamment des routes.
Certains députés envisagent également d'interdire la consommation de viandes surgelées. Or, toutes les viandes importées sont surgelées. Et rien qu'en 2007, ces importations ont augmenté de 7 %. Elles pourraient dépasser 3,3 Mt cette année, la part des pays de la CEI décroissant de façon très rapide au profit des provenances plus lointaines, UE ou Brésil notamment. Les acteurs de terrain ne croient guère à un tel blocus, mais les arguments sanitaires sont incontestablement employés pour tenter d'endiguer le flot des importations : 22 t de petfood danois viennentpar exemple d'être saisies pour « pourrissement » dans le port de St Pétersbourg. Le contrôle de l'Etat est fort, notamment via les certificats obligatoires pour un grand nombre de produits (dont les aliments finis, les animaux et tous les intrants agricoles). Aleksei Gordeev, ministre de l'Agriculture, a, à plusieurs reprises, appelé à défendre la production nationale. Dans le même temps, le président Dimitri Medvedev critiquait les protectionnismes excessifs des nations riches à l'issue du G8, le 8 juillet dernier, en expliquant combien la politique russe était flexible en la matière avec un marché ouvert à l'international.