Des députés affichent leur soutien au cochon
Plusieurs dizaines de députés de tous bords, vêtus du tablier du Club des amis du cochon, ont posé mardi devant les grilles de l'Assemblée nationale, afin de soutenir une filière porcine en crise. A quelques encablures, une trentaine d'éleveurs de porcs ont manifesté dans un centre commercial pour dénoncer les « marges abusives » réalisées par les distributeurs et la faiblesse des cours. Les producteurs, accompagnés de trois porcelets, ont protesté contre « les écarts injustifiés entre les prix agricoles et les prix aux consommateurs ».
A l'initiative de la Fédération nationale porcine (FNP), un Pique-sou d'or a symboliquement été décerné au responsable du magasin Carrefour de Bercy 2. Des prospectus distribués sur place dénonçaient le fait que « depuis 2007, les éleveurs perdent de l'argent », en pointant du doigt « la grande distribution ». « Un kilogramme de porc coûte à produire 1,54 euro et est acheté à l'éleveur 1,40 euro. Soit pour l'éleveur une perte de 130 000 euros pour un élevage moyen de 200 truies. Nous souffrons et vous ne profitez pas des baisses de prix à la production », pouvait-on également lire.
Dépôts de bilan
Lors d'une conférence de presse à l'Assemblée, en compagnie du député Marc Le Fur (Côtes d'Armor), le président d'Inaporc Guillaume Roué a insisté sur « la nécessité de pouvoir répercuter jusqu'aux consommateurs les hausses (de coûts) constatées à la production ». Il a dénoncé un « dérapage des marges » en grande distribution. « Des charges additionnelles pèsent sur l'ensemble des maillons de la filière porc. Mais, c'est l'élevage qui en subit le plus de conséquences », a-t-il déclaré.
L'occasion pour le président de la FNP Jean-Michel Serres de réclamer l'Observatoire des prix et des marges prévu dans la LME (Loi de modernisation de l'économie). Et de relancer l'idée d'un code de bonne conduite des GMS. « Nous réclamons des prix plus raisonnables en promotion et plus attractifs en fond de rayon. A certaines périodes, le produit est vendu à perte, à d'autres, il est trop cher. Cela pénalise beaucoup les producteurs et affaiblit l'ensemble de la filière », a-t-il souligné.
Un nouvel équilibre des forces est aussi réclamé au sein de la filière. « Les entreprises d'abattage découpe doivent arrêter de nous raconter que la restructuration sert à écraser les coûts, pas à peser dans les négociations de prix face aux distributeurs », a déclaré Jean-Michel Serres.
Pour les éleveurs, le temps presse. En témoigne la récente mise en redressement judiciaire de deux importants élevages de porcs dans le Finistère, dont l'un de 1 200 truies fait partie des plus gros de la région.