Des consommateurs aident l’agriculture bio
«J'ai commencé par les fèves et les radis», sourit Julien Bonnet, jeune maraîcher «bio» fraîchement installé à Flaujagues, dans la campagne girondine, sur des terres dont la particularité est d'avoir été achetées par une association de 395 consommateurs citoyens.
« Je voulais m'installer, mais comme je suis hors cadre familial, il fallait que j'achète tout. Mon père est gérant d'une société et ma mère infirmière », raconte l'agriculteur de 24 ans, qui a pris possession début janvier d’environ 10 hectares de terres situées en bord de Dordogne, aux confins de la Gironde.
Sur ces terres certifiées «bio», le maraîcher va produire des légumes à destination de groupes de consommateurs de type Amap (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) et pour une vente directe sur place. Originalité de la démarche: ce sont des consommateurs « citoyens », regroupés au sein d'un collectif nommée Cata-33 (pour Collectif d'achat de terres agricoles en Gironde), qui ont mis la main à la poche pour financer l'achat des terres et les frais annexes, pour un total proche de 78 000 euros. Des consommateurs membres d'Amap girondines dont l'ambition est de répondre « au manque de producteurs, surtout en maraîchage » dans ce département viticole, explique Didier Guyot, membre de l'association.
Les 10 hectares sont donc la propriété de 395 « actionnaires » particuliers, qui se répartissent près de 800 parts au sein d'une société civile immobilière (SCI) spécialement créée, et sont loués au maraîcher pour 1 200 euros par an. La maison, le hangar et le matériel ont quant à eux été achetés en propre par l'agriculteur et sa famille.
Des paniers facturés de 20 à 40 euros
Trouver ces fameuses terres n'a pas été si simple, confesse Didier Guyot. La location se fait par un bail environnemental, « c'est-à-dire que Julien ne pourra pas faire autre chose que de l'agriculture biologique, sans engrais chimiques ni OGM », note M. Guyot. Julien Bonnet explique qu'il aura recours aux purins de plantes (orties, prêles, consoudes) et pratiquera les associations de légumes, comme de planter de l'ail dans les rangs de salades pour faire fuir les pucerons.
« En agriculture biologique, le savoir est important », témoigne le jeune maraîcher, qui vient de semer ses premiers rangs de fèves et de radis et prépare ses serres et son matériel d'irrigation. Il distribuera ses premiers paniers -facturés de 15 à 20 euros- à partir de juin ou juillet et a besoin de « 40 consommateurs » pour démarrer. Des consommateurs que l'agriculteur entend avant tout « sensibiliser ». « Dans le système Amap, le dialogue est très important avec les consommateurs. Sur le marché, le boulot c'est surtout de vendre. Là, on passe les deux heures de distribution à discuter des produits avec les gens », se réjouit-il.