Des campagnes de printemps tardives

Les produits phares de ce début de printemps sont, sans conteste, l’asperge, la fraise et la tomate, dont les campagnes nationales se sont amorcées à la fin du mois de mars, avec plus de quinze jours de retard sur le planning de commercialisation habituel.
Ces légumes étaient déjà présents dans les rayons, ces dernières semaines, avec les origines méditerranéennes (Espagne, Maroc…), mais le démarrage de la saison française marque traditionnellement la réelle mise en consommation de ces produits, auprès d’une demande en quête de changement de régime alimentaire avec l’arrivée des beaux jours.
Démarrage tardif et décalage des productions
Le retard de la campagne d’asperge a été évalué à 15-20 jours dans le Sud-Est, alors qu’il est peu marqué dans le Sud-Ouest. Habituellement décalées de près de deux semaines, les productions de ces deux régions ont fait leur apparition presque simultanément cette année. Le Val de Loire amorce pour sa part sa saison avec dix jours de retard.
Ce démarrage tardif sera difficile à compenser, en termes d’offres. Même s’il est encore trop tôt pour avancer des estimations précises du niveau de la production — son évolution reste largement tributaire des conditions climatiques —, on peut s’attendre à une baisse du potentiel, de l’ordre de 10 à 20 %, par rapport à une campagne normale. Dans ces conditions, la production 2009 serait à peine équivalente à celle de l’an dernier (16 229 tonnes).
Le lancement de la saison de la fraise s’avère également tardif. Les volumes se développent plus significativement depuis la semaine 14 (180 tonnes par jour). Encore majoritairement composée de gariguettes, l’offre fait l’objet d’un bon accueil de la demande et d’un développement sensible des mises en place en grande et moyenne surface.
La production française est attendue plutôt stable. Elle devrait se situer autour des 40 000 tonnes. La baisse des surfaces des tunnels et des chenilles serait compensée par la hausse de celles des abris hauts et des serres. En Espagne, les superficies dédiées à la culture de la fraise sont similaires à celles de l’an dernier (autour de 6 300 ha pour la zone de Huelva), mais le rendement serait en recul, suite aux mauvaises conditions climatiques.
Ces volumes vont être concentrés sur une période un peu plus réduite, du fait du retard des productions, ce qui fait craindre un début de saison bataillé au niveau des prix.
Le meilleur scénario, pour les opérateurs français, serait l’arrivée rapide du pic d’arrivages de fraise ronde espagnole — dans les quinze prochains jours —, permettant ainsi de limiter le télescopage entre productions, au moment de la montée en puissance de l’offre de ronde française, attendue à partir de la mi-avril.
La production de tomates s’élèverait cette année à 540 000 tonnes, d’après le SSP (Service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture) et serait inférieure de 2 % à celle de 2008, et de 5 % à la moyenne des cinq dernières années.
L’offre provient majoritairement du Sud-Est et de la Bretagne. En semaine 14, les apports se sont élevés à 500 tonnes par jour (dans chacune de ces régions). Les mises en place en grande et moyenne surface ont été actives, permettant aux opérateurs de bien tenir leurs prix.
Il faut s’attendre à une réorientation baissière plus marquée des cours dans les jours à venir, au fur et à mesure du développement des productions nationales et de la concurrence européenne.
Apparition des premiers primeurs
Le mois d’avril marque également le démarrage des premières productions de légumes primeurs. Carotte, poireau et pomme de terre primeurs font en effet leur apparition durant ce mois, et incarnent le renouveau des cultures maraîchères.
Les pommes de terre primeurs de Ré et Noirmoutier ouvrent traditionnellement le bal. Les premières productions sont attendues vers le milieu du mois d’avril (nous y reviendrons).
En Bretagne, quelques lots de Primaline, variété cultivée précocement sous tunnels, sont actuellement proposés, mais les quantités sont très marginales.
La saison nantaise du poireau primeur s’amorcera, pour sa part, à la fin du mois.
En ce qui concerne la carotte, la récolte pourrait s’avérer un peu plus limitée cette année, même si les surfaces dédiées à cette plantation sont finalement assez stables — notamment dans le Sud-Ouest, principale région de production. Mais le rendement devrait être légèrement plus faible. Le retard de production se limitera probablement à quelques jours.
La fin précoce de la saison de la conservation, cette année, ne permettra pas de faire la jonction entre les campagnes. Par conséquent, de bons débouchés s’annoncent pour les offres étrangères, notamment espagnoles et portugaises, entre la mi-avril et la mi-mai, date à laquelle l’offre de carotte primeur française devrait prendre le relais.