De la grippe au gel des échanges
Alors que la planète tremble à l’idée qu’une pandémie pourrait s’abattre sur l’espèce humaine, il peut paraître inconvenant de se demander si cette agitation va nuire ou non au commerce international. Une période de glaciation des échanges n’est pourtant pas à exclure. La grippe mexicaine ou nord-américaine Les termes de grippe mexicaine ou grippe américaine, qui qualifient les foyers de l’épidémie, sont plus appropriés que le terme « grippe porcine ». porte en germe (si l’on ose dire) l’immobilisation des personnes et des marchandises. La première réaction des marchés financiers a d’ailleurs été de sanctionner les valeurs des compagnies aériennes, qui ont sévèrement dévissé dans les premiers jours de la crise. Quant aux états, qu’ont-ils fait dès les premiers jours ? Ils se sont empressés de prononcer des embargos sur la viande porcine, même s’ils les savaient injustifiés du point de vue sanitaire. Dans ces situations-là, l’intérêt du commerce ne pèse pas grand chose ; c’est le premier qu’on sacrifie sur l’autel de l’opinion. On a même entendu certains gouvernements exclure sans rire de leurs relations commerciales des pays à qui l’idée même de leur envoyer un gramme de charcuterie n’était sans doute jamais venue. Ces signaux préfigurent-ils un repli des économies sur elles-mêmes, que viendrait accélérer ou justifier la crise sanitaire actuelle ? Il est aujourd’hui impossible de le dire. Mais il est certain que l’idée ne déplairait pas à tout le monde. En période de crise, la tentation est grande d’étendre les embargos à toutes les importations qui enrhument les secteurs de production. Mais ce genre de remède s’avère souvent pire que le mal.