Danone achève son recentrage « santé »
Après un mois seulement de discussions, et pour la somme de 5,3 milliards d’euros, le groupe américain Kraft Foods va mettre la main sur le pôle biscuits et produits céréaliers de Danone. Les deux entreprises ont révélé hier le contenu de cette « discussion exclusive », qui devrait aboutir à un accord définitif au dernier trimestre 2007. Danone va ainsi poursuivre son recentrage et son développement de produits à connotation santé, tandis que Kraft réalise une belle implantation en Europe dans le domaine du biscuit.
Devant micros et caméras, les deux p-dg Franck Riboud et Irene Rosenfeld se sont satisfait de l’opération. Mais pour le Français, la séparation de cette activité est une belle opportunité génératrice de cash, car le pôle biscuits de Danone (2,2 Mds Eur de CA en 2006) ne faisait plus le poids face aux produits laitiers frais et aux boissons (respectivement 7,9 et 3,9 Mds Eur). Pire, il est le seul à décroître en volume quand les deux autres profitent à plein de l’entrée sur de nouveaux marchés.
« Une émotion légitime »
S’ajoute à ce tableau une croissance des biscuits limitée à 3 % en 2006, bien loin des 15 % affichés par les boissons et des 9 % des PLF. Pour Kraft, l’occasion est belle de s’implanter en Europe dans le biscuit, ou ses positions sont faibles. L’américain va récupérer les 36 usines (9 en France) fabricant les Lu, Prince, Ourson et autres, et s’est engagé contractuellement à ne pas fermer de site dans les trois ans suivant la signature de l’accord définitif. Signe de bonne volonté, Kraft va faire du siège de Lu France le siège de son pôle européen biscuits, avec une équipe pilotée par le management actuel. « Je suis convaincu qu’il s’agit d’une bonne opération pour Danone, pour le pôle biscuits et pour Kraft. Le biscuit n’est plus totalement centré sur notre stratégie. C’est devenu un marché régional, qui va maintenant disposer de moyens que jamais Danone n’aurait mis » a déclaré Franck Riboud, qui a indiqué ressentir « une émotion légitime relative au départ d’une marque française au Etats-Unis ». « Mais je vois là matière à rassurer les partenaires » s’est-il empressé d’ajouter, car Kraft ne possède pas d’usines en Europe à l’exception de l’Espagne.
La cession de cette branche va mécaniquement doper la croissance de Danone, dorénavant fixée entre 7 et 9% cette année. Mais, ces perspectives sont plutôt éloignées des préoccupations des salariés.
« Nous avons une garantie de trois ans sur l’absence de fermetures. Par contre nous sommes inquiets en ce qui concerne les possibles restructurations ou cessions » a indiqué Bruno Fournel, représentant CFDT au niveau du groupe Danone. Hier, le syndicat FO, bien implanté chez Lu France a «déploré le désengagement du groupe alors que le pôle biscuit était redevenu profitable » et indiqué que le comité central de LU France se réunira le 11 juillet pour obtenir des informations sur la cession.