Crise noire et peinture verte
La « semaine du développement durable » s’est achevée le 7 avril sur un drôle de constat : les entreprises ont repeint toutes leurs interventions publiques en vert, y compris — surtout ? — celles qui se montraient naguère les plus rétives à se plier à la moindre contrainte écologique. Qu’est-il donc advenu ? La crise est passée par là. Et en temps de crise, le discours « durable » tend, paraît-il, à rassurer les investisseurs comme les consommateurs. En un mot, si je suis vert, c’est que j’ai de la morale ; vous pouvez donc me prêter de l’argent sans réticence et vous mettre à me racheter des voitures sans arrière-pensées. Peu importe que je me contente de faire le « bilan carbone » de mon siège à La Défense quand je détiens des usines dans trente pays. Ce qui compte, c’est de vous convaincre de mon éthique, gage incontestable de ma solvabilité. Vous doutez de ma sincérité ? C’est sans doute que vous cachez d’ignominieuses pratiques polluantes. Au rythme où nous allons, les « traîne les pieds » du Grenelle de l’environnement vont bientôt surpasser en éloquence écologique les plus forcenées des associations environnementalistes. On exagère bien sûr et il est fort louable de définir et d’améliorer son bilan carbone (p. 16-17). Ou de repenser sa logistique dans le sens d’une plus grande sobriété en matière de carburant. Mais on a bien réglementé les allégations santé. Pourquoi ne mettrait-on pas un peu d’ordre dans « l’allégation verte »?
Précision : j’ai parlé un peu vite à cette place, jeudi dernier, de l’E85, à propos du lancement d’un nouveau carburant éthanol. Il s’agissait bien évidemment de l’E10 (ou SP95 E10). L’abus d’éthanol est dangereux pour la santé.