Crise alimentaire : les solutions que proposent les scientifiques
Les enjeux agricoles constituent toujours un centre d’intérêt pour les médias grand public. Ces jours-ci, c’est au tour du mensuel de vulgarisation scientifique Sciences et Avenir de se pencher sur la crise alimentaire mondiale et sur les moyens de la résoudre. Le menu est alléchant, entre un entretien avec Marion Guillou, la p-dg de l’Inra et des sujets sur « les agrocarburants en panne », « l’élevage au banc des accusés », « le bio peut-il nourrir la France ? » ou encore « les promesses de la génétique » en matière de céréales. C’est ce dernier sujet qui nous a paru le plus intéressant, car véritablement scientifique. Le mensuel montre ainsi que la recherche semencière traditionnelle a montré ses limites en matière de rendements du blé, ceux-ci étant stables depuis 10 ans. « La réponse viendra peut-être du programme TriciteaeGenome, un projet européen de 7,5 millions d’euros qui fédère 15 organismes de recherche publique et deux industriels de la semence », précise la revue. « Il doit mettre en place les fondations d’un séquençage des génomes des triciteae, nom savant de la famille regroupant le blé et l’orge, comme il a été fait pour le riz depuis 2002 et pour le maïs depuis peu. » Le séquençage des génomes du blé, long et complexe, « devrait prendre quelques années. Il deviendra alors possible de sélectionner une variété élite dont le patrimoine devra faire montre d’une plus grande résistance à la sécheresse ou à la salinité des sols », écrit S&A. Néanmoins, le dossier est, dans l’ensemble, un peu décevant. Il reprend notamment sans recul les mises en cause du rôle de l’élevage ruminant dans l’émission de gaz à effet de serre, principal responsable du réchauffement climatique comme chacun est censé le croire. Le méthane émis par les vaches, voilà l’ennemi, « car il a un pouvoir de réchauffement 21 fois supérieur à celui du gaz carbonique ». Conclusion : « si l’on parvient à réduire les émissions de méthane, les effets positifs sur le climat seront donc beaucoup plus rapides ». Sacrifions donc les vaches pour calmer les ardeurs du soleil ; on n’arrivera pas à nous faire croire que ce genre de solution soit très scientifique…
Sciences et avenir Septembre 2008, 4,00 euros