Coopératives : l’exigence de l’innovation
La fédération des coopératives de Languedoc-Roussillon veut inciter ses adhérents à investir dans l’innovation pour conforter leurs marchés. La Région comporte quelques initiatives modèles en la matière.
On sait depuis longtemps que l’innovation est mère de quasi tous les profits. Mais elle peut être aussi le seul moyen de rester sur le marché. En organisant fin octobre une grande journée consacrée à l’innovation dans le monde coopératif, la fédération des coopératives du Languedoc-Roussillon entendait rappeler à ses adhérents certains fondamentaux. Les coopératives ont une tradition d’innovation, mais il y a encore beaucoup à faire, résumait en quelques mots Olivier Rives, directeur de la fédération des coopératives agricoles du Languedoc-Roussillon. « Pourtant les coops ont plus de latitude à investir dans l’innovation et dans l’immatériel parce qu’elles n’ont pas la même pression que les entreprises privées qui doivent servir des dividendes élevés à leurs actionnaires », poursuit-il.
Rendez-vous fut donc pris le 26 octobre dernier, en collaboration avec l’École des mines d’Alès, pour organiser cette première journée de l’innovation et de la créativité à destination des coopératives. Avec des témoignages d’opérateurs déjà engagés et des travaux pratiques des réflexions offertes aux participants.
« La fréquentation n’a pas été tout à fait à la hauteur de nos ambitions, regrette Olivier Rives, ce qui nous prouve que ce projet, que nous envisagions depuis plusieurs années, est encore loin de faire l’unanimité chez nos adhérents qui n’en voient pas forcément l’intérêt. » La région compte paradoxalement des entreprises coopératives modèles en la matière comme Grap Sud, un des principaux opérateurs français et européens de la distillerie. « C’est une entreprise coopérative qui a su anticiper la baisse du rachat des produits de distillation par l’État, et elle s’en est sortie en consacrant de l’argent au développement innovant, en se positionnant sur le marché des polyphénols et d’autres produits. Aujourd’hui encore, elle consacre toujours 5 % de son résultat à la recherche et au développement et la part de son métier d’origine, la distillation d’alcool, ne compte plus que pour 20 % du chiffre d’affaires. » Et Olivier Rives de citer d’autres entreprises comme UCCOAR à Carcassonne, dans le domaine du vin, qui investit 3 millions d’euros pour développer de nouveaux conditionnements en plastique recyclables (PET monocouche) pour ses vins.
L’innovation au-delà du produit
Mais l’innovation, ce fut aussi le sens du message de la journée, ne porte pas uniquement sur la production ou l’emballage ; on peut aussi innover dans le marketing, la mise en marché, les questions de ressources humaines, avec par exemple la mise en place d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) réfléchie à l’échelle d’un territoire et plus seulement d’une entreprise. Ou bien encore il peut s’agir de développement durable, dont le respect devient un passage obligé pour pouvoir exporter sur certains marchés à monopole d’Europe du Nord… « Les entreprises qui se sont saisies de cette question il y a 20 ans ont généralement tout réussi, les premières décisions ont parfois été difficiles ou brutales mais nous savons aujourd’hui que le jeu en valait la chandelle ! »