Concours général des produits : gloire et revers des médailles
Depuis 1870, le Concours général Agricole accorde tous les ans des médailles, au cours du Salon International de l’Agriculture, aux meilleurs produits alimentaires et aux plus beaux animaux. Cette année, 16 000 échantillons de produits différents seront présentés au concours des produits. Environ 80% sont des vins, 9% des produits laitiers et 11% des produits alimentaires divers et variés. À la sortie du concours, en 2004, 3 300 médailles avaient été accordées par quelques 3 300 jurés, avec un taux de réussite de 19,9% pour les vins et 25,5% pour les autres produits. Chaque produit lauréat reçoit soit l’or soit l’argent soit le bronze. Mais la couleur des médailles reste le seul élément de comparaison avec les jeux olympiques...
Ce sont les agents du ministère de l’Agriculture qui accordent l’accès au concours. « Les produits sont envoyés en laboratoires pour pratiquer des tests physico-chimiques et subir des tests de dégustation, précise Marc Mispoulet, commissaire délégué au concours des produits. Entre mai et décembre, les produits auront été testés au moins trois fois pour être acceptés à concourir». Les jurés sont choisis à 50% en amont de la filière et 50% en aval. Des experts ou des consommateurs avertis viennent renforcer l’équipe. « Un juré ne peut pas tester son propre produit, même dans une dégustation à l’aveugle il pourrait le reconnaître, surtout dans les vins», remarque M.Mispoulet.
Une fois leur médaille en poche, les heureux élus peuvent l’exploiter jusqu’au 31 décembre de l’année suivante, soit près de deux ans pour les produits solides et, concernant les vins, jusqu’à épuisement du lot ou de la récolte. Une vraie rente de situation car, une fois la médaille obtenue, il n’y a pas de contrôles de conformité par rapport aux échantillons présentés, ni de tests organoleptiques spécifiques, en dehors des contrôles habituels des agents de l’Etat, fraudes, services vétérinaires ou douanes.
Un prix d’excellence pour la fidélité au concours
La parenté entre le produit ayant reçu la médaille et celui qui a été fabriqué six mois, voire un an et demi après, est parfois un peu lointaine : les process ont pu changer, les recettes aussi, ainsi que les ingrédients...
« Il y a peu de fraudes sur ces produits estime cependant Marc Mispoulet. Les producteurs savent que les sanctions sont importantes et la grande majorité des producteurs est honnête. Ce n’est pas leur intérêt de frauder».
Créé en 2000, le Prix d’Excellence répond en partie à ces interrogations : il récompense la fidélité au concours et la pérennité des médailles pour un producteur, d’une année sur l’autre et sur cinq ans, avec une pondération entre le bronze, l’argent et l’or. Le lauréat reçoit un diplôme et un logo. Mais, la distinction n’étant pas attribuée à un produit, le producteur ne peut la faire figurer sur l’emballage. Elle ne peut être utilisée que sur le point de vente en PLV, ou dans une documentation, par exemple. Détail intéressant : en 2005 seuls 30 producteurs emportent cette distinction. Parmi eux 5 producteurs ou affineurs de fromages, tous en AOC, ce qui, fort heureusement, accrédite la fiabilité de ce signe !
Le succès du Concours général agricole a depuis longtemps donné des idées à d’autres : on dénombre près de 50 concours ou foires régionaux différents qui attribuent des médailles, de notoriété diverses.
Le ministère de l’Agriculture, qui apporte sa caution au Concours général des produits, est conscient de la nécessité de maintenir son crédit. Dès 2006, le système va évoluer dans le secteur des produits laitiers : un arrêté du ministère serait en préparation pour supprimer la présélection des produits. Pour le meilleur ou pour le pire ?